RFI et France 24, interdites de diffusion au Mali depuis le 17 mars, ont été définitivement suspendues du pays. C'est ce qu'a annoncé le groupe France Médias Monde (FMM), maison mère de deux médias publics français, dans un communiqué.
FMM a reçu ce 27 avril de la Haute autorité de la communication du Mali la notification de cette décision que le groupe «conteste avec force», entendant faire appel, selon son directeur de la communication Thomas Legrand qui s'exprimait auprès de l'AFP.
«Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde», a également fait savoir FMM, sans donner plus de précisions.
Suspension de la diffusion de RFI et France 24 annoncée en mars
Bamako avait ordonné le 17 mars la suspension de la diffusion de RFI et France 24, après la publication par ces médias français d'informations selon lesquelles l'armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils. Le gouvernement malien avait «rejet[é] catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes FAMa» (les Forces armées maliennes) et avait «engag[é] une procédure [...] pour suspendre jusqu'à nouvel ordre la diffusion de RFI et France 24».
Le président français Emmanuel Macron avait estimé que la suspension de diffusion des deux médias était «le signe d'une course en avant vers le pire» pour le pays sahélien. Il avait lancé un appel à la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et à l'Union africaine «pour prendre les décisions qui conviennent [...], pour que, à la fois les violences et [...] la fermeture, le déni de l'information et du droit des journalistes à librement informer puissent cesser».
Tensions vives entre Paris et Bamako
Les sanctions contre RFI et France 24 interviennent dans un contexte particulièrement tendu entre les militaires au pouvoir au Mali et les autorités françaises, depuis plusieurs mois. En février dernier, Paris avait annoncé le retrait de ses soldats déployés au Mali, opération devant être achevée cet été.
Les tensions entre les deux pays n'ont pas baissé depuis : les autorités maliennes ont accusé le soir du 26 avril l'armée française d'«espionnage» et de «subversion», après la diffusion par l'état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité d'une base du centre du Mali récemment restituée par la France. Bamako a accusé les forces françaises d'avoir publié de «fausses images montées de toutes pièces afin d'accuser les FAMa d'être les auteurs de tueries de civils, dans le but de ternir [leur] image».