Jeudi 28 avril
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a commenté la situation en Transnistrie ce 28 avril. «Nous sommes alarmés par l’escalade des tensions en Transnistrie où plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers jours avec des tirs et des explosions contre des bâtiments officiels et des infrastructures. Nous considérons ces actes comme des actes de terrorisme visant à déstabiliser la situation dans la région et nous attendons une enquête approfondie et objective sur toutes les circonstances de ce qui s’est passé», a-t-elle affirmé.
«Nous condamnons fermement les tentatives d’impliquer la Transnistrie dans ce qui se déroule en Ukraine [...] Ce qui, outre les événements de ces derniers jours, est préoccupant, ce sont les tentatives d’utiliser l’opération spéciale en Ukraine pour renforcer la pression du blocus sur la Transnistrie. Des cargaisons de produits de première nécessité, y compris des médicaments, sont bloquées et, bien sûr, des obstacles artificiels sont créés pour empêcher l'activité des entreprises industrielles», a poursuivi la porte-parole.
Elle a conclu son propos en ces termes : «Nous appelons à faire preuve de retenue et de calme en Transnistrie, et nous appelons également Chisinau et Tiraspol à retourner à la pratique de la recherche constructive de solutions optimales aux questions qui sont à l’ordre du jour, qui sont celles de la coopération entre les rives du Dniestr dans l’intérêt de la population.»
Mercredi 27 avril
Les autorités de la république de Transnistrie ont annoncé qu'un village frontalier de l'Ukraine hébergeant un important dépôt de munitions de l'armée russe avait été la cible de tirs ce 27 avril après avoir été survolé par des drones. «La nuit dernière, plusieurs drones ont été repérés au dessus du village de Kolbasna», a indiqué le ministère de l'Intérieur de Transnistrie dans un communiqué, ajoutant que «des coups de feu ont été tirés en direction de Kolbasna depuis l'Ukraine» sans faire de victimes.
Mardi 26 avril
Dans un communiqué, le quai d'Orsay affirme que le ministre français des Affaires étrangères a «fait part à son homologue moldave de sa préoccupation et de sa vigilance à l'égard des incidents survenus ces deux derniers jours en Transnistrie. Il a réitéré dans ce contexte le plein soutien de la France à la stabilité, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Moldavie face aux risques de déstabilisation dont elle peut être l'objet».
Le dirigeant transnistrien, Vadim Krasnosselski, dont les propos sont cités par Tass, a estimé le 26 avril que l'Ukraine avait servi de base aux attaques de ces derniers jours, appelant les autorités ukrainiennes à enquêter sur le sujet et la Moldavie à ne pas céder aux provocations.
«Selon les premières conclusions [...] on peut remonter le fil de ces attaques à l'Ukraine», a-t-il déclaré, estimant que «ceux qui ont organisé ces attaques poursuivent l'objectif de tirer la Transnistrie dans le conflit [en Ukraine]». Et de poursuivre : «Je peux vous dire que ces tentatives échoueront.»
Vadim Krasnosselski a appelé Kiev à «enquêter» sur ces faits et a également lancé un appel à l'attention des autorités moldaves : «Ne laissez pas la Moldavie être amenée à une agression contre la Transnistrie.»
Sur Twitter, le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak a accusé la Russie de chercher à «déstabiliser» la Transnistrie.
«La Russie veut déstabiliser la région de Transdniestrie, ce qui suggère que la Moldavie devrait s'attendre à recevoir des "invités"», a-t-il lancé, ajoutant : «Si l'Ukraine tombe, demain les troupes russes seront aux portes de Chisinau.»
Auparavant, le dirigeant transnistrien Vadim Krasnosselski avait estimé que ces attaques avaient été menées depuis le territoire ukrainien, appelant à Kiev à faire la lumière sur celles-ci.
La présidente de la Moldavie Maïa Sandu a lancé un appel au «calme» et annoncé des mesures pour renforcer la sécurité de ce pays frontalier de l'Ukraine, après une série d'attaques dans la région séparatiste de Transnistrie.
«Il s'agit d'une tentative pour accroître les tensions (...) Nous appelons nos concitoyens à rester calmes et à se sentir en sécurité», a-t-elle déclaré après une réunion du Conseil suprême de la Sécurité.
Depuis plusieurs jours, des explosions ont frappé la région séparatiste de Transnistrie, à la frontière avec l'Ukraine. La République de Transnistrie est un Etat non reconnu par la communauté internationale, situé entre la Moldavie (dont elle est officiellement une partie du territoire) et l’Ukraine, et dont de nombreux habitants disposent d'un passeport russe.
Les autorités de ce territoire ont signalé ces derniers jours plusieurs attaques contre leurs infrastructures. L'OSCE redoute une déstabilisation de cette région.
Une attaque au lance-grenades est notamment survenue dans la nuit sur le ministère local de la Sécurité d’État, selon les autorités, et des médias locaux rapportent que des frappes ont touché un aérodrome de Tiraspol. Enfin, le 26 avril au matin, des antennes qui diffusent une radio russe ont été détruites. «Le niveau de sécurité est reconnu comme critique. Décision a été prise d'introduire un niveau d'alerte "rouge" à la menace terroriste», a déclaré un dirigeant transnistrien, Vadim Krasnosselski.
Ces attaques n'ont pas fait de victimes, aucune information sur leur origine n'a été divulguée.
Territoire sous tensions
La république de Transnistrie s'est autoproclamée indépendante au début des années 1990, après l’effondrement de l’URSS. Des combats éclatent alors entre l'armée moldave et les milices russophones de ce territoire. En 1992, une force trilatérale de maintien de la paix comprenant des forces russes, moldaves et transnistriennes est déployées puis les affrontements cessent sans qu'aucune solution ne soit trouvée d'un point de vue politique jusqu'à ce jour. La région séparatiste a sa propre monnaie et ses propres forces de sécurité.
La Transnistrie n'est pas reconnue par la communauté internationale, y compris par la Russie. Mais alors que Moscou a lancé une opération militaire en Ukraine visant notamment, selon Vladimir Poutine, à défendre les populations du Donbass, le général russe Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie, s'était récemment inquiété de l'«oppression» des populations russophones de Moldavie. La déclaration avait suscité la colère de ce pays voisin de l'Ukraine, qui a convoqué l'ambassadeur russe pour une protestation officielle.
Réagissant aux récents développements, la mission de l'OSCE en Moldavie a condamné dans un communiqué «toute tentative de déstabiliser la situation». Elle a appelé «toutes les parties à rester calmes et à s'abstenir de toute action qui pourrait mettre à mal la stabilité et la confiance des deux côtés du Dniestr». De son côté, le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak a directement accusé Moscou, déclarant sans ambages que «la Russie veut déstabiliser la région de Transdniestrie» (soit la Transnistrie).