Une pénurie aiguë de carburant au Sri Lanka a déclenché le 19 avril des manifestations spontanées sur toute l'île où des dizaines de milliers d'automobilistes en colère incendiaient des pneus et bloquaient des routes, selon la police et les autorités locales.
Les 115 kilomètres de route qui séparent la capitale Colombo de la ville de Kandy (centre) ont été coupés en divers points par des manifestations de colère. Ces actions se sont déroulées pour protester contre la pénurie de carburant, la plupart des stations-service étant à court d'essence et de diesel dans le pays en faillite.
Un manifestant a été tué par la police qui a utilisé des balles réelles contre un groupe qui bloquait une autoroute à Rambukkana, dans le centre du pays, ont déclaré des responsables de l’hôpital et de la police.
D'autres manifestations ont eu lieu parallèlement à celle qui se déroulait à Colombo, pour la 11e journée d'affilée, appelant à la démission du président Gotabaya Rajapaksa en raison de l'aggravation de la crise économique dans l'île. Les médecins du principal hôpital pour enfants du pays ont également manifesté le 19 avril devant l'établissement pour réclamer des médicaments et du matériel médical.
Le principal distributeur de carburant du pays, Ceylon Petroleum Corporation (CPC), a augmenté ses prix de 64,2%. L'entreprise publique a aussi levé le rationnement qu'elle imposait depuis le 15 avril. La veille, le distributeur privé Lanka IOC, qui représente un tiers du marché du carburant, avait augmenté ses tarifs de 35%.
Un pays en faillite
Le Sri Lanka, en proie à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948, a annoncé le 12 avril faire défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Le pays cherche à obtenir un renflouement de 3 à 4 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Le gouvernement a besoin de dollars afin de pouvoir financer ses importations de carburant, entre autres produits essentiels.
Le président Rajapaksa a nommé la veille un nouveau gouvernement dont deux de ses frères et un neveu ont été écartés. Il a toutefois maintenu son frère aîné et chef du clan, Mahinda Rajapaksa, en tant que Premier ministre. Des dizaines de députés de la coalition de Rajapaksa se sont retournés contre l'administration et ont pris place le 19 avril sur les bancs de l'opposition au Parlement.
«Les gens souffrent à cause de la crise économique et je le regrette profondément», avait déclaré la veille le président au nouveau cabinet, concédant que le Sri Lanka aurait dû s'adresser au FMI «beaucoup plus tôt». Il a également admis que le gouvernement avait commis une «erreur» en interdisant les produits agrochimiques l'an dernier, une mesure prise pour économiser les devises dont le pays est également à court. La mesure a eu un effet dévastateur sur les rendements agricoles.