Les tirs de l'armée pakistanaise dans l'est de l'Afghanistan le 16 avril ont fait 47 morts, selon un nouveau bilan communiqué par des responsables afghans. «Quarante-et-un civils, principalement des femmes et des enfants, ont été tués, et 22 ont été blessés dans des raids aériens menés par les forces pakistanaises près de la ligne Durand dans la province de Khost», a déclaré à l'AFP Shabir Ahmad Osmani, directeur de l'information et de la culture à Khost.
Deux autres responsables ont confirmé ce bilan à Khost. Un autre responsable afghan avait fait état de 6 morts dans la province de Kunar. Le même jour, le gouvernement afghan avait mis en garde le Pakistan après ces attaques le long de la frontière.
«Nous mettons en œuvre toutes les mesures pour empêcher la répétition (de telles attaques) et demandons que notre souveraineté soit respectée. La partie pakistanaise doit savoir que si une guerre éclate, elle ne sera dans l'intérêt d'aucune des parties», avait prévenu le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid.
Le 17 avril, le ministère afghan des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur du Pakistan à Kaboul pour protester contre ces attaques. Le gouvernement pakistanais n'a pour l'instant fait aucun commentaire sur le sujet.
Des images de maisons détruites lors de l'assaut ont été diffusées par Tolo News, la principale chaîne de télé privée afghane. «Toutes les personnes visées étaient des civils innocents qui n'avaient rien à voir avec les Taliban ou le gouvernement», a déclaré à la chaîne Rasool Jan, un habitant de Khost. «Nous ne savons pas qui est notre ennemi et pourquoi nous avons été visés», a-t-il ajouté.
La tension monte entre les deux pays
Depuis que les Taliban ont pris le pouvoir en Afghanistan l'an dernier, les tensions frontalières entre les deux pays se sont accrues, le Pakistan, affirmant que des groupes armés, comme le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), mènent des attaques depuis le sol afghan, à travers une frontière notoirement poreuse.
Les Taliban afghans et le TTP sont des groupes distincts dans les deux pays. Ils partagent cependant une idéologie commune et s'appuient sur des réseaux tribaux opérant des deux côtés de la frontière. Les Taliban afghans nient abriter des militants pakistanais armés et dénoncent la clôture qu'Islamabad érige pour sécuriser cette frontière longue de plus de 2 000 kilomètres, connue sous l'appellation «la ligne Durand», nom hérité de l'époque coloniale.
De son côté, le Pakistan a appelé le gouvernement afghan à prendre des «mesures sévères» contre les militants qui lancent des attaques contre le pays depuis l'intérieur de l'Afghanistan. «Le Pakistan demande au gouvernement souverain de l'Afghanistan de sécuriser la région frontalière pakistano-afghane et de prendre des mesures sévères contre les individus impliqués dans des activités terroristes au Pakistan», a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, le 16 avril.
Le 14 avril, sept soldats pakistanais auraient été tués dans le district du Nord-Waziristan par des «terroristes opérant depuis l'Afghanistan», a indiqué le ministère. En février dernier, six soldats pakistanais avaient été tués par des tirs attribués au TTP opérant depuis l'Afghanistan.