A Atlanta (Géorgie), Lia Thomas, a remporté le 17 mars au soir la finale du 500 yards nage libre féminine (environ 457 mètres), sous les couleurs de l'université de Pennsylvanie.
Née de sexe masculin, Lia Thomas est devenue la première nageuse transgenre à remporter un titre universitaire en bouclant la finale en 4 min 33 sec 24, avec plus d'une seconde et demie d'avance sur Emma Weyant, deuxième en 4 min 34 sec 99.
Erica Sullivan, médaillée d'argent sur 1 500 mètres aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, est arrivée troisième en 4 min 35 sec 92.
Lia Thomas, qui avait dans le passé concouru en tant qu'homme, divise l'opinion publique aux Etats-Unis. Chez ses détracteurs, on estime qu'elle bénéficie d'un avantage physiologique injuste. Du côté de ses soutiens, on pense qu'elle devrait être autorisée à concourir librement en tant que femme.
Une photographie publiée le 18 mars est éloquente et secoue les réseaux sociaux jusqu'en Europe : Lia Thomas, tenant son trophée dans ses bras, sourire discret, bien droite sur la première marche du podium. A quelques mètres, la deuxième Emma Weyant, la troisième Erica Sullivan et la quatrième Brooke Forde, serrées côte à côte et tout sourire sur la troisième marche en signe de protestation.
Au bord des bassins du McAuley Aquatic Center d'Atlanta, le contraste était saisissant le 17 mars entre les applaudissement tout juste polis pour Lia Thomas et la foule en délire pour ses trois poursuivantes.
«J'essaie de l'ignorer autant que possible», a réagi la gagnante, assurant être «juste contente d'être ici en essayant de donner le meilleur [d'elle-même] dans la compétition».
Elle avait de fait signé le meilleur temps des séries avec un chrono de 4 min 33 sec 82 et elle est une des favorites du 200 yards le 18 mars.
Lia Thomas, 22 ans, avait remporté le 18 février le 500 yards nage libre féminine de l'Ivy League, une compétition de huit des plus prestigieuses universités américaines comme Harvard, Yale, Cornell.
Elle avait obtenu un feu vert des instances sportives universitaires, non sans polémique dans ce milieu très compétitif aux Etats-Unis.
En février, l'instance dirigeante de la natation aux Etats-Unis, USA Swimming, avait dévoilé de nouvelles directives prévoyant un seuil plus strict pour le taux de testostérone des athlètes – ce qui, de l'avis général, rendrait plus difficile la participation de Lia Thomas à des compétitions importantes. Mais la NCAA, qui régit le sport universitaire, avait alors déclaré qu'elles n'appliquerait pas ces règles plus dures, permettant alors à Lia Thomas de concourir à Atlanta depuis le 16 mars.
En début d'année, Lia Thomas avait été contestée au sein même de son club universitaire. Certaines de ses co-athlètes avaient dénoncé par lettre les avantages liés à sa morphologie et demandé le renforcement des règles pour les athlètes transgenres.
Dans le camp d'en face, 300 nageurs et nageuses, en activité et en retraite, avaient au contraire pris position en faveur de Lia Thomas, dont Erica Sullivan arrivée troisième le 17 mars.
La polémique a débuté fin 2021 après de très bons résultats pour Lia Thomas, arrivée cette saison chez les femmes après avoir concouru chez les hommes. Cela pose de nouveau la question de la place de ces sportifs, entre souci d'inclusion et protection de l'équité sportive.
Après la première participation aux JO de Tokyo d'une sportive transgenre, en haltérophilie, il s'agit d'un casse-tête pour les institutions sportives. En novembre, le Comité international olympique a renvoyé la balle à chaque sport, soulignant l'absence de «consensus scientifique sur le rôle de la testostérone dans la performance dans l'ensemble des sports».
La controverse est aussi politique aux Etats-Unis : plusieurs Etats républicains ont récemment adopté des lois pour barrer la route des jeunes filles transgenres au sport féminin à l'école. «Nous interdirons aux hommes de participer à des compétitions féminines», avait déclaré le 15 janvier l'ancien président républicain Donald Trump, lors d'un meeting en Arizona.