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Ahmed Chalabi, l'homme qui avait poussé les Etats-Unis à envahir l'Irak, est décédé

Ahmed Chalabi avait mis en avant de prétendues armes de destruction massive pour pousser à une intervention militaire en Irak. Il avait ensuite été écarté par Washington, tout en restant toujours très proche du pouvoir en Irak.

L'homme politique irakien Ahmed Chalabi, l’homme en qui l’administration Bush, et plus particulièrement le Pentagone, avait placé toute sa confiance est mort. Il est décédé à 71 ans, d’une crise cardiaque. Ahmed Chalabi était l’un des principaux instigateurs de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003. C’est en effet lui qui avait révélé des informations aux Etats-Unis sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Armes dont l’existence n’a, en réalité, jamais été prouvée, même si Ahmed Chalabi avait à plusieurs reprises évoqué des laboratoires mobiles d’armes chimiques et biologiques pour inciter les Américains à intervenir. Suite à cela, et à la guerre en Irak, il était devenu l’homme en qui l’administration Bush, et plus particulièrement le Pentagone, avait placé toute sa confiance.

Né en 1944 dans une famille aisée de Bagdad, ce docteur en mathématiques avait quitté en 1956 son pays pour le Royaume Uni et les Etats-Unis où il a milité, à la tête du Congrès national irakien (CNI), contre Saddam Hussein. Suite au renversement de Saddam Hussein, il était devenu vice-premier ministre, puis ministre du pétrole. Il était encore jusqu’à sa mort le président de la commission des Finances du Parlement irakien.

Controversé, Chalabi, qui avait été condamné en 1992 par un tribunal militaire jordanien à 18 ans de réclusion pour fraude bancaire, était tombé en disgrâce à Washington quand il était devenu évident que son groupe avait fourni des informations douteuses. Surtout, les Etats-Unis avaient pris leurs distances avec ce chiite lorsqu'il avait été soupçonné d’avoir informé Téhéran que les services américains étaient parvenus à déchiffrer le code secret qui servait aux Iraniens lors de communications secrètes.

Il avait finalement réussi son retour au centre de la scène politique irakienne en juin 2014, suite à la fin du mandat du Premier ministre Nuri al-Maliki. Le New York Times en avait même un des favoris à la succession d’Al-Maliki, mais il n’avait, surtout en raison de son passé, jamais pu accéder au sommet de l’Etat.

L'invasion américaine en Irak aurait fait 162 000 morts dans le pays selon un bilan établi par l'Iraq Body Count. Près de 5 000 soldats de la coalition ont par ailleurs été tués. Et 12 ans après la début de cette guerre, l'Irak reste l'un des pays les plus instables du monde, la ville de Mossoul étant même l'un des fiefs de l'Etat islamique.