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Situation en Ukraine : Bruno Le Maire se refuse à parler d'«invasion» de la part de la Russie

Le ministre français de l'Economie a jugé que le terme d'«invasion» employé par Joe Biden n'était «pas le mot approprié». Il a par ailleurs admis que la crise en Ukraine pouvait mener à «une augmentation» du prix du gaz en France.

Un appel au «sang-froid». Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a estimé ce 23 février que les actions de la Russie en Ukraine ne constituaient pas une «invasion», contrairement aux propos du président américain Joe Biden, qui a qualifié la veille de «début d'invasion» l'ordre donné par son homologue Vladimir Poutine de préparer le déploiement de troupes russes dans deux zones séparatistes d'Ukraine.

«Il faut savoir peser ses mots et faire preuve de sang-froid», a jugé sur BFMTV Bruno Le Maire, pour qui le terme d'invasion «n'est pas le mot approprié». Le président russe a reconnu le 21 février l'indépendance des territoires sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk, et autorisé l'envoi de «forces de maintien de la paix» dans ces zones, sans préciser quand les forces russes franchiraient la frontière ukrainienne.

«Au moment où je vous parle, c'est une atteinte à l'intégrité du territoire ukrainien et une remise en cause des accords internationaux auxquels Vladimir Poutine a souscrit. Voilà exactement les décisions qui ont été prises», a poursuivi Bruno Le Maire.

L'épineuse question de l'approvisionnement en gaz russe

Le ministre français a par ailleurs salué la «sage décision» allemande de suspendre le gazoduc Nord Stream 2. «L'Allemagne réalise que l'indépendance énergétique n'a pas de prix», a-t-il affirmé, évoquant la «nécessité absolue» de l'indépendance face à l'envolée des cours du gaz, alors que l'Europe importe déjà environ 40% de ses besoins en la matière depuis la Russie.

Pour sanctionner Moscou, Berlin a en effet fini par se résoudre à suspendre le 22 février la certification de Nord Stream 2, un projet phare pour l'Allemagne comme pour la Russie, dont la construction est achevée depuis l'automne 2021, mais qui n'est pas encore en service en raison d'un blocage juridique de la part du régulateur énergétique allemand. Bruno Le Maire a affirmé que «Nord Stream pourra ouvrir le jour où le pouvoir russe respectera ses engagements internationaux et respectera l'intégralité d'un territoire comme l'Ukraine». «Nous en sommes très loin aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Concernant l'impact de possibles sanctions russes sur la France via l'approvisionnement en énergie, le ministre a précisé que l'Hexagone était «exposée à 20% au gaz russe, l'Europe 40%, l'Allemagne 60%». «Vous voyez que ça reste très limité et que la France n'est pas en première ligne», a-t-il assuré, admettant que «sur le prix en revanche, il peut y avoir une augmentation». «Mais je veux être très clair avec les Français qui nous écoutent : nous avons pris un engagement avec le Premier ministre de gel du prix du gaz ; cet engagement sera respecté pour les particuliers», a-t-il promis.