Le référendum du Brexit (2016)
51,9%. C’est la proportion de Britanniques qui, contre toute attente, a voté en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, selon les résultats officiels publié le matin du 24 juin.
Et pourtant, le 23 juin, à peine quelques heures avant le vote, l’institut Ipsos Mori publiait un dernier sondage faisant état d’une défaite du Brexit à 48%, contre 52% de partisans du maintien (marge d'erreur de 2,46%). Soit l’inverse du résultat final.
La veille, l’heure était également à l’excès d’optimisme en faveur du camp du «Remain». En effet, la société britannique ComRes chiffrait le camp du «Leave» à seulement 46% contre 54% pour celui du «Remain» (marge d'erreur de 3,17%). L'institut le plus réputé du Royaume, YouGov, parlait lui d’une défaite de justesse du Brexit à 49% contre 51% (marge d'erreur de 1,6%).
Les élections générales britanniques (2015)
Une erreur d'appréciation qui rappelle celle survenue un an plus tôt. A l'époque, le patron de YouGov Stephan Shakespeare ne savait où se mettre : «Excusez-nous pour notre mauvaise performance. Nous avons besoin d'en comprendre la raison.» Alors que les premiers résultats tombaient, le prestigieux sondeur n’avait, pas plus que les autres, vu arriver l’écrasante victoire de David Cameron.
Les sondeurs devraient se sonder entre eux pour voir ce qui n’a pas marché
Il faut dire que les instituts de sondages britanniques prévoyaient le scrutin le plus serré de ces 40 dernières années. Résultat ? Une majorité absolue pour les conservateurs de Cameron avec 331 sièges contre 232 à leurs adversaires travaillistes. De quoi faire dire à Boris Johnson, le maire de Londres, que «les sondeurs devraient se sonder entre eux pour voir ce qui n’a pas marché».
Les législatives turques (2015)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan devait trembler. Les sondeurs voyaient plusieurs partis lui poser problème. Le Parti Républicain du Peuple en premier lieu. Il n’en a rien été. Sa formation de l’AKP a écrasé ce scrutin en empochant pratiquement la moitié des voix. Loin devant les 40,5% que lui donnait le sondeur turc Sonar.
Les législatives israéliennes (2015)
Nous étions peut-être à l’aube d’un tremblement de terre. Le controversé Premier ministre Benjamin Netanyahou était susceptible de mordre la poussière. Ses adversaires de l’Union sioniste, dirigés par Isaac Herzog, étaient donnés au coude à coude voir devant le Likoud du Premier ministre. Certains instituts parlaient même de trois à quatre sièges d’avance. Pourtant, «Bibi» se voit finalement triompher avec 23,3% des voix et cinq sièges de plus que ses rivaux.
Les élections fédérales canadiennes (2004)
Les instituts de sondage ne se fourvoient pas qu’en Europe. Outre-Atlantique, plus précisément au Canada, ils ont aussi connu leur lot d’échecs. Le PLC du Premier ministre Paul Martin est donné à égalité ou en tête de seulement un petit point par la majorité des sondeurs. La bataille s’annonce dès lors rude contre ses principaux adversaires conservateurs emmenés par l'ex-Premier ministre Stephen Harper.
Le résultat final sonne comme un camouflet pour les as de la prédiction. L’écart est de 7,1 points en faveur des libéraux de Paul Martin. Pas vraiment serré comme scrutin…
Les élections présidentielles françaises (2002)
Alors que règne la chaleur de la fin du printemps, la plupart des terrasses de café sont, comme lors de toutes présidentielles, le lieu de débats enflammés. Beaucoup se demandent qui de Jacques Chirac, le président en place, ou de Lionel Jospin, Premier ministre, prendra le fauteuil de l’Elysée. Il faut dire que chez les sondeurs, l’hypothèse d’un duel final entre les deux hommes s’est largement imposée.
Mais voilà qu’au soir du premier tour, une vague de stupeur déferle sur le pays. Le visage de Jean-Marie Le Pen, le président du Front national, se place à côté de celui de Jacques Chirac sur les écrans de télévisions. Le «patriarche du clan Le Pen» récolte 16,86% des voix devant Lionel Jospin avec 16,18%. On connaît la suite. Jacques Chirac sera largement réélu mais l’accession du leader frontiste au deuxième tour de l’élection présidentielle restera comme l’une des plus grandes surprises de l’histoire de la cinquième République. Concernant l'erreur des sondages, Jean-Marc Lech, coprésident d'Ipsos à l'époque, déclarait : «Il faut parler d'échec, et ça ne sert à rien de le nier. Un sondage, c'est une prévision, et, en l'occurrence, la nôtre s'est montrée fausse pour deux candidats sur seize.»