L'humour est une arme à manier avec précaution en matière de diplomatie, au risque d'être pris au premier degré, même pour un ex-acteur comique. Illustration avec la mésaventure que vient de connaître le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «On nous dit que le 16 février sera le jour de l'attaque. Nous allons en faire une journée de l'unité», a déclaré le 14 février le chef de l'Etat dans une adresse à la nation, avant d'appeler les Ukrainiens à accrocher le drapeau national et à afficher ses couleurs bleue et jaune ce jour-là.
Ancien comédien dans l'émission télévisée humoristique Serviteur du peuple, Volodymyr Zelensky ne s'attendait pas à ce que des médias occidentaux prennent au pied de la lettre ses propos sur un peu probable déclenchement de guerre. «Le président Zelensky dit que l'Ukraine "a été informée" qu'il y aura une attaque [le 16 février]. Il ne dit pas qui lui a dit cela», a twitté dans la foulée une journaliste spécialisée de la chaîne américaine CNN. L'AFP a également cité le leader ukrainien sans relever un possible trait d'humour de sa part.
Une confusion peut-être due à l'attitude solennelle du président ukrainien dans son adresse à la nation. La situation a poussé l'entourage de Volodymyr Zelensky à dissiper un malentendu potentiellement lourd de conséquences, dans un contexte de tensions accrues avec la Russie. «CNN a été informé par Mykhaïlo Podoliak, un conseiller du président, que Zelensky se voulait ironique par ce commentaire», a précisé quelques minutes après la journaliste qui avait relayé une première version inquiétante.
«Le président a fait référence à une date diffusée par les médias», a également déclaré le porte-parole Sergii Nykyforov à NBC News. La chaîne américaine ajoute qu'il avait semblé à certains spécialistes que le ton de Zelensky se voulait effectivement «sarcastique» au moment d'évoquer une date possible d'attaque, et qu'il avait été perçu comme tel par «les personnes parlant ukrainien».
La Russie accusée de «chercher à semer la panique parmi les Ukrainiens»
Indépendamment de ce quiproquo, Volodymyr Zelensky a néanmoins vertement critiqué la Russie dans son discours. Il a accusé le pays voisin de «mener une guerre» contre l'Ukraine «sur tous les fronts» et de «chercher à semer la panique parmi les Ukrainiens et les investisseurs». «Notre Etat est plus fort que jamais» et «nous préparons des ripostes dignes à toutes les agressions possible», a affirmé le chef d'Etat.
Volodymyr Zelensky a également assuré que son pays «aspire à la paix et ne veut répondre à toutes les questions que par la voie diplomatique». De son côté, Moscou a fait savoir ce 15 février, par la voix d'un porte-parole du ministère de la Défense, que les troupes russes stationnées à proximité de la frontière avec l'Ukraine avaient entamé un retour vers leurs garnisons, mettant fin à leurs exercices militaires.