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Belgique : dans certains hôpitaux, des non-vaccinés voient leur greffe d'organe ajournée

Certains centres médicaux belges ont pris la décision de suspendre des listes d'attente de greffe d'organe les demandeurs non vaccinés contre le Covid. Une décision qui fait débat outre-Quiévrain.

C'est une nouvelle mesure prise à l'encontre des personnes non vaccinées contre le Covid-19 qui fait débat dans le secteur médical : certains centres de transplantation d'organes belges ont décidé de suspendre de leurs listes d'attente de greffes les demandeurs n'ayant pas reçu d'injection anti-Covid. 

Comme l'indique Sudinfo, c'est le cas de l'UZ (Universitair Ziekenhuis, hôpital universitaire) de Bruxelles et du CHU (Centre hospitalier universitaire) de Liège. 

Il est dangereux pour un patient de prendre des médicaments antirejet et d’attraper le virus

Olivier Detry, chirurgien abdominal et responsable du centre de transplantation du CHU de Liège, a justifié cette décision en ces termes auprès de la RTBF : «Le virus circule partout chez nous, et on sait que les patients transplantés doivent prendre des médicaments qui diminuent leurs défenses naturelles. Et donc, il est dangereux pour un patient de prendre des médicaments antirejet et d’attraper le virus. Pour chacun de nos patients on évalue le risque et/ou le bénéfice de la greffe en fonction de son statut vaccinal.» «Il vaut mieux d'être vacciné avant qu’après la greffe. En transplantation hépatique, nous avons 20 patients en attente dont un seulement non vacciné, et heureusement il peut attendre», a expliqué le médecin.

«Des études montrent que les patients greffés non vaccinés font des formes beaucoup plus sévères du Covid. La moitié d’entre eux doivent être hospitalisés, un sur trois se retrouve aux soins intensifs et un sur cinq décède», affirme quant à lui Martin Wissing, néphrologue à l’UZ Brussel et président de l’Association de transplantation de Belgique.

Le média belge met également en avant le fait que les transplantés non vaccinés vont rejeter le greffon au cas où elles sont infectées par le coronavirus et devront arrêter leur traitement immunosuppresseur. 

Plus de 1 400 patients se trouveraient sur les listes d’attente de greffes en Belgique et, à Bruxelles, il y aurait selon Ouest France 5 % de non vaccinés parmi les 90 personnes qui espèrent une greffe.

L'éthique médicale en question 

Cette mise à l'écart des demandeurs d'organes non vaccinés ne concerne cependant pas tous les établissements du royaume. Cité par la RTBF, le néphrologue Eric Goffin a expliqué que le centre de transplantation des cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles ne faisait «pas de différence lorsqu’on appelle un patient pour une transplantation d’organe, qu’il soit vacciné ou non». Et de préciser cette position comme suit : «Nous avons eu un débat à ce sujet, en interne avec toute l’équipe et des infectiologues. Le consensus était de ne pas faire de discriminations. Cela n’a jamais été discuté ni par les autorités de transplantation belges ni par "Eurotransplant". Le critère le plus important pour une greffe est la compatibilité».

Florence Caeymaex, chercheuse en éthique à l’université de Liège et membre du Comité de bioéthique, a également mis en avant l’égalité d’accès aux soins de santé : «C’est un droit fondamental donné au patient qui ne peut pas être conditionné à des caractéristiques d’ordre social, racial, de genre ou de statut vaccinal etc. [...] Lorsqu’il est nécessaire de prioriser [...] il est alors impératif de ne prendre en compte que des critères médicaux validés et reconnus. Des critères qui doivent mesurer la balance bénéfices-risques pour le patient et pour le greffon.»

Le 24 janvier, un Américain de 31 ans avait été retiré de la liste d'attente d'un hôpital de Boston pour une transplantation cardiaque à cause de son refus de se faire vacciner contre le Covid-19. «Les organes sont rares, on ne va pas les distribuer à quelqu'un qui a peu de chance de vivre quand d'autres vaccinés ont de meilleures chances de survie post-opératoire», avait expliqué à la chaîne CBS le docteur Arthur Caplan, spécialiste des transplantations et professeur à l'école de médecine de l'université de New York.