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WhatsApp, Telegram...: Pourquoi l'armée suisse interdit plusieurs services de messagerie étrangers ?

L'armée suisse a interdit l'utilisation de messageries cryptées étrangères pour les communications officielles. En cause, la possibilité pour les autorités américaines d'accéder aux données des entreprises soumises à sa législation.

L'armée suisse a interdit l'utilisation de WhatsApp, Signal, Telegram et d'autres services de messagerie cryptée étrangers pour les communications officielles des militaires, et a demandé à son personnel d'utiliser à la place l'application helvète Threema.

L'annonce, relayée par l'agence AP le 5 janvier, a été faite dans une note envoyée aux principaux commandants de l'armée en décembre 2021. Selon AP, la lettre originale affirmerait qu'«aucun autre service de messagerie ne sera autorisé» en dehors de Threema, même si la porte-parole de l'armée suisse Delphine Schwab-Allemand a par la suite assuré à l'agence de presse qu'il ne s'agissait que d'une «recommandation» entrée en vigueur le 1er janvier. Elle a ajouté que l'armée ne peut pas et ne souhaite pas ordonner à ses troupes d'utiliser une application particulière sur leurs appareils privés.

La législation américaine pose problème

Pour ce qui est des communications officielles, la principale préoccupation de l'armée suisse, selon la missive, concerne des problèmes de confidentialité liés à la capacité des autorités américaines à accéder aux données stockées par des entreprises qui relèvent de la juridiction des Etats-Unis, comme le prévoit le Cloud Act. Cette loi fédérale de 2018 oblige les prestataires de services sous juridiction américaine à se conformer aux mandats de perquisition, quel que soit l'emplacement de leurs serveurs, aux Etats-Unis ou dans des pays étrangers. 

Comme Threema est une société basée en Suisse, les informations qu'elle détient ne sont pas soumises à la loi américaine sur le cloud, a déclaré la porte-parole de l'armée, ajoutant que l'application respecte la réglementation européenne en matière de protection des données. Contrairement à de nombreux autres services de messagerie, Threema n'exige en effet pas que les utilisateurs fournissent un numéro de téléphone ou une adresse e-mail. L'armée suisse a déclaré qu'elle rembourserait aux soldats le coût annuel de 4 francs (environ 3,84 euros) pour l'utilisation de cette application lancée en 2012, et qui comptait 6 millions d'utilisateurs en 2020, principalement en Suisse, en Allemagne et en Autriche.