International

Transparence maximale ? La très discrète première année de mandat de Biden face aux médias

Au terme de la première année de son mandat, Joe Biden s'est – de loin – moins exprimé de manière solennelle face à la presse que ses cinq prédécesseurs. Un bilan qui tranche avec les promesses de transparence affichées par le candidat.

Le chef d'Etat américain Joe Biden est très discret médiatiquement par rapport à ses prédécesseurs. Au terme de la première année de son mandat, il a ainsi donné moins de conférences de presse et d'interviews que les cinq présidents précédents, selon un décompte réalisé par Associated Press le 9 janvier. Il s'est en revanche davantage exprimé dans le cadre de brefs commentaires donnés à des journalistes, mais ce format interroge quant à la capacité du dirigeant à se confronter à l'opinion malgré ses promesses de transparence.

Durant ses deux premiers mois en poste, Joe Biden a par exemple signé près de 50 décrets, attaqué un pays étranger souverain – la Syrie –, fait adopter un projet de loi de 1 900 milliards de dollars d'aide contre le Covid-19, et mis en garde le pays de menaces contre la démocratie elle-même par des «terroristes intérieurs» après la manifestation pro-Trump au Capitole. Le tout sans s'adresser à la presse de manière solennelle.

Lorsqu'il s'est finalement résolu à tenir une conférence seul face à la presse, il avait battu, selon CNN, un record vieux de 100 ans, attendant plus longtemps pour faire officiellement face aux médias que les 15 présidents précédents. Une tendance qui s'est donc poursuivie tout au long de la première année de son mandat, puisque selon le rapport d'Associated Press Joe Biden n'a tenu au total que neuf conférences de presse et accordé seulement 22 interviews depuis sa prise de pouvoir.

A titre de comparaison, Donald Trump, dont les rapports à la presse étaient pour le moins conflictuels, avait tenu 22 conférences de presse à ce stade de son mandat, au cours desquelles il restait la plupart du temps debout plus d'une heure durant pour des échanges houleux avec les journalistes. L'ancien chef d'Etat avait également été interviewé par les médias 92 fois au cours de sa première année au pouvoir.

Donald Trump, Barack Obama, George W. Bush, Bill Clinton et George H.W. Bush ont tous donné plus de conférences de presse au cours de leur première année de mandat que Joe Biden. George W. Bush est le deuxième président de cette liste à en avoir donné le moins, mais il est tout de même apparu solennellement devant les médias 19 fois, soit plus de deux fois plus souvent que Joe Biden.

Ronald Reagan est le seul président de l'histoire récente à avoir tenu moins de conférences de presse que Joe Biden au cours de sa première année, mais ses apparitions publiques ont été drastiquement réduites après qu'il fut blessé par balle lors d'une tentative d'assassinat en mars 1981.

Des promesses de transparence qui sonnent creux ?

Une dynamique qui voit la Maison Blanche faire de plus en plus souvent face à la question de savoir si Joe Biden, qui avait fait de la transparence une promesse de campagne, ne parvient pas à expliquer son programme ou n'est tout simplement pas à la hauteur de ses promesses...

Reste toutefois un point sur lequel Joe Biden s'est distingué : ses échanges de quelques mots avec les journalistes en marge d'événements ou après des discours écrits. AP a ainsi recensé 216 entretiens impromptus de ce type, soit davantage que ses cinq prédécesseurs, à l'exception de Bill Clinton. Mais ces soi-disant entretiens ont souvent été très limités, Joe Biden répondant la plupart du temps aux questions en une seule phrase, ou quittant tout simplement la pièce en plein milieu de sa réponse.

Avec en prime des réflexions qui ne reflètent guère la volonté de transparence affichée par le 46e président des Etats-Unis.

«Je ne suis pas censé répondre à toutes ces questions», glissait-il ainsi le 12 mai dernier après une conférence sur la vaccination. «Mesdames et Messieurs, ils m'ont donné une liste ici. La première personne que j'ai été chargé d'appeler est Kelly O'Donnell de NBC», lançait-il le 26 août dernier lors d'une première conférence de presse pendant le retrait chaotique des troupes américaines d'Afghanistan. «Je ne suis pas censé tenir cette conférence de presse en ce moment», déclarait encore le chef d'Etat le 21 décembre, après le camouflet que lui a infligé le sénateur démocrate Joe Manchin, qui a fait capoter son plan Build Back Better.

Une attitude présidentielle qui interpelle même l'Association des correspondants de la Maison Blanche, dont le président Steven Portnoy estime : «Des échanges fugaces ne suffisent pas à constituer un registre historique des opinions du président sur un large éventail de préoccupations publiques». «Plus l'échange avec la presse est formel, plus le public est susceptible d'apprendre ce que pense l'homme», souligne-t-il auprès d'Associated Press.