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Kazakhstan : la diplomatie russe reprend de volée le secrétaire d'Etat américain

Le ministère russe des Affaires étrangères a publié un virulent communiqué en réaction à certaines allusions d'Antony Blinken, alors qu'il commentait la participation de la Russie à une opération de maintien de la paix au Kazakhstan.

Le ministère russe des Affaires étrangères a publié le 7 janvier un communiqué en réponse à des propos sarcastiques tenus le jour même par le secrétaire d'Etat américain au sujet de la participation de la Russie à une force conjointe de maintien de la paix récemment envoyée au Kazakhstan par l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Commentant l'arrivée de soldats russes dans cette ancienne république soviétique – qui est actuellement en proie à de violentes émeutes faisant suite à des manifestations contre la hausse du prix du gaz –, le haut diplomate américain a en effet imputé à Moscou des intentions autres que la normalisation de la situation. «Une fois que les Russes sont dans votre maison, il est parfois très difficile de les faire partir», a-t-il notamment déclaré.

Si Antony Blinken aime tant les leçons d'histoire, en voici une

«Tentative grossière de faire une blague amusante sur les événements tragiques du Kazakhstan», a dénoncé la diplomatie russe, qui a par ailleurs insisté sur «la légitimité» d'une intervention de l'OTSC «sollicitée par les autorités kazakhes» et dont «le Conseil de sécurité des Nations unies a été pleinement informé».

«Si Antony Blinken aime tant les leçons d'histoire, en voici une [...] : lorsque des Américains sont dans votre maison, il peut être difficile de rester en vie, sans se faire voler ou violer», peut-on lire plus loin dans le communiqué, qui se conclut ainsi : «Les Indiens d'Amérique du Nord, les Coréens, les Vietnamiens, les Irakiens, les Panaméens, les Yougoslaves, les Libyens, les Syriens et bien d'autres peuples [...] qui ont eu la malchance de voir ces invités non invités à leur porte auraient beaucoup à ajouter.»

Situation explosive au Kazakhstan

Le pouvoir kazakh est confronté depuis quelques jours à des émeutes chaotiques, particulièrement à Almaty, la plus grande ville du pays. Alors que les violences ont fait des dizaines de morts – dont au moins 18 membres des forces de l'ordre, parmi lesquels certains ont été retrouvés décapités –  et plus d'un millier de blessés, le président Kassym-Jomart Tokaïev a rapidement mis en cause des «bandes terroristes» qui auraient été formées à l'étranger et décrété l'état d'urgence. Il a précisé avoir fait appel à l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC, réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan) afin d'«aider le Kazakhstan à vaincre la menace terroriste».

Les violences font suite à un mouvement de protestation qui a débuté le 2 janvier après une forte hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL). Ce mouvement a démarré dans la ville de Janaozen, dans l'ouest du Kazakhstan, puis a affecté la ville d'Aktau, sur les bords de la mer Caspienne. Malgré diverses mesures prises par le gouvernement afin de calmer les manifestants – notamment une réduction du prix du GNL, fixé à 50 tenges (0,1 euro) le litre dans la région, contre 120 au début de l'année –, les rassemblements se sont poursuivis, devenant de plus en plus violents.