50 millions de dollars par mois… Voilà ce que la vente de pétrole rapporterait à l’Etat islamique, selon une enquête de l’agence de presse Associated Press, qui se base sur des sources proches des agences de renseignement. Et tout ce pétrole, souvent vendu à bon marché, transiterait par la Turquie, pourtant engagée dans la lutte contre Daesh et allié de longue date des Etats-Unis.
Selon AP, Washington aurait d’ailleurs exprimé aux autorités turques, en place à Ankara, ses inquiétudes quant aux moyens dont dispose Daesh pour l'extraction de l'or noir. Des moyens qui passeraient, eux aussi, par la Turquie. Pour John Kiriakou, ancien analyste de la CIA, ancien enquêteur du Comité sénatorial chargé des affaires étrangères, Daesh s’appuie sur «des éléments corrompus de l'armée turque et des fonctionnaires des gouvernements locaux et régionaux du sud-ouest de la Turquie. Daesh a enrichi les bonnes personnes…»
Il faut dire que les bénéfices peuvent être énormes. Car selon les agences de renseignement, Daesh vendrait le baril de pétrole aux environs de 10 dollars, contre 45 au cours officiel. Selon cette même source, se sont près de 30 000 barils par jour qui seraient écoulés en Turquie à partir de la Syrie.
Selon John Kiriakou, l’Etat islamique utilise ainsi le même schéma que celui qui avait été employé par Saddam Hussein lorsqu’il contournait les sanctions de la communauté internationale pour vendre du pétrole irakien. Pour l’ancien agent de la CIA, les revenus pétroliers de Daesh pourraient toutefois être réduits. Mais les Etats-Unis ont, selon lui, décidé de se consacrer pour le moment à d’autres problèmes. Les Etats-Unis auraient toutefois changé légèrement de stratégie, ciblant à plusieurs reprises les raffineries de pétrole contrôlées par Daesh depuis quelques jours.
L'argent du pétrole reste très précieux pour l’Etat islamique. Il s’agirait de sa deuxième source de revenus après les confiscations et les taxes. John Kiriakou estime qu'«une alliance avec les Russes» est indispensable pour mettre fin à Daesh car «les deux parties conviennent que l'Etat islamique est une mauvaise chose et que nous voulons nous en débarrasser… Mais nous ne travaillons pas avec eu pour y parvenir».
Selon plusieurs rapports, un potentiel de 400 000 barils de pétrole par jour serait déjà aux mains de l’Etat islamique. L’an passé, les terroristes de Daesh avaient même mis la main sur la plus grande raffinerie d’Irak, à Baiji. Cette dernière aurait été reprise par le pouvoir irakien au cours du mois d’octobre.