La Cour suprême de Wellington a rejeté le 21 décembre l'appel du ressortissant allemand Kim Dotcom – de son vrai nom Kim Schmitz – ainsi que de ses deux co-accusés. Les trois hommes estimaient être confrontés à une erreur judiciaire, un argument qui n'a donc pas convaincu la justice néo-zélandaise.
«Nous ne pensons pas que la Cour doive faire quoi que ce soit de plus en ce qui concerne les appels proposés, étant donnée notre conclusion qu'il n'y a pas eu d'erreur judiciaire», ont ainsi déclaré les trois juges pour justifier leur décision.
Véritable Némésis des autorités américaines, le fondateur du site de partage de fichiers Megaupload est accusé aux Etats-Unis de fraude, racket et blanchiment, et encourt jusqu'à 20 ans de réclusion. Kim Dotcom et ses co-accusés sont soupçonnés d'avoir tiré de leurs activités 175 millions de dollars de bénéfices illégaux et causé plus d'un demi-milliard de dollars de pertes aux ayants-droit des œuvres musicales, films et autres produits piratés.
L'homme de 47 ans a réagi à ce dernier revers judiciaire en date dans un tweet laconique : «Pas impressionné.»
Une vendetta exigée par Hollywood ?
Kim Dotcom se défend depuis des années de toute infraction. Se présentant comme un entrepreneur du Net, il accuse la justice américaine de mener une vendetta à son encontre, exigée par les puissants studios d'Hollywood. Le fantasque entrepreneur a fondé en 2005 Megaupload, une plateforme gratuite d’échanges de fichiers en ligne. Un internaute pouvait y mettre n’importe quel fichier (texte, son, image, vidéo, etc.), que tout internaute connecté à la plateforme pouvait ensuite télécharger pour son compte, gratuitement.
Ce que Hollywood essaie de faire, c’est d’essayer de modifier internet pour en faire un espace complètement censuré et contrôlé selon ses goûts, et c’est contre cela que je lutte
Du temps de sa splendeur, Megaupload était le 13e site le plus populaire de l'internet, générant 4% de l’ensemble du trafic mondial et de faramineuses retombées publicitaires qui ont fait la fortune de Kim Dotcom, qui, en 2010, quitte Hong Kong pour s'installer en Nouvelle-Zélande. Mais en janvier 2012, son service de téléchargement Megaupload a été stoppé net après un raid spectaculaire de la police néo-zélandaise – à la demande du FBI – dans son manoir de Coatesville, près d’Auckland.
Pour sa défense, Kim Dotcom affirme que son site faisait de son mieux pour éviter les violations du droit d’auteur sur les contenus qui étaient mis à disposition sur la plateforme. Il invoque notamment le fait qu’avec 50 millions d’utilisateur quotidiens, il était difficile de contrôler la totalité de leur activité et accuse de son côté les autorités américaines, poussées selon lui par les studios hollywoodiens, de mener une vendetta contre lui.
«Ils [Hollywood] utilisent beaucoup d’énergie, de temps et d’argent pour lutter contre quelque chose qu’ils ne peuvent pas vaincre. La seule façon de le faire serait de s’adapter à la nouvelle réalité», avait ainsi déclaré Kim Dotcom en 2014, dans l’émission Keiser Report sur RT. «Ce que Hollywood essaie de faire, c’est d’essayer de modifier internet pour en faire un espace complètement censuré et contrôlé selon ses goûts, et c’est contre cela que je lutte.»