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En désaccord sur les «restrictions anti-Covid», David Frost quitte le gouvernement britannique

Le secrétaire d'Etat britannique au Brexit David Frost, qui avait mené les négociations de sortie de l'UE, a annoncé sa démission le 18 décembre, invoquant des désaccords sur les restrictions sanitaires et la politique économique de Boris Johnson.

Une mauvaise nouvelle de plus pour Boris Johnson : le 18 décembre, son secrétaire d'Etat chargé du Brexit, a annoncé qu'il démissionnait du gouvernement, invoquant une série de désaccords politiques, à propos de la gestion de la pandémie et des nouvelles restrictions annoncées par le Premier ministre, mais aussi en raison de désaccords sur la politique économique suivie par les conservateurs.   

«J'espère que nous pourrons aller aussi vite que possible là où nous devons aller : une économie d'entrepreneurs, peu réglementée et peu taxée», a-t-il écrit dans sa lettre de démission, souhaitant que le Royaume-Uni ne soit «pas tenté par les mesures coercitives que nous avons vues ailleurs» face à la pandémie. David Frost conteste ainsi le nouveau tour de vis décidé par Boris Johnson face au rebond de l'épidémie, qui inclut le retour au télétravail pour les salariés britanniques, ainsi que l'introduction d'un passeport sanitaire pour accéder à une série de lieux. Ces mesures ont suscité de nouvelles manifestations dans plusieurs villes britanniques le 18 décembre, avec des heurts entre protestataires et forces de l'ordre à Londres. 

Un ami de longue date

La rupture avec David Frost comporte une dimension personnelle pour Boris Johnson, qui avait déclaré qu'il n'y avait pas l'épaisseur d'une «feuille de papier à cigarette» entre eux. Diplomate de carrière, David Frost a été diplomate à Bruxelles dans les années 1990 et était devenu un critique acerbe de l'Union européenne, à l'époque où Boris Johnson était correspondant du Daily Telegraph dans la capitale belge. Devenu Premier ministre, Boris Johnson l'avait nommé négociateur en chef des discussions commerciales avec l'Union européenne (UE). D'âpres négociations avaient été menées à bien par David Frost, avant de parvenir à la finalisation d'un accord de divorce. Dans sa réponse à la lettre de démission du secrétaire d'Etat, Boris Johnson s'est dit attristé, mais a salué sa «contribution unique à la réalisation du Brexit».

La proximité idéologique entre les deux hommes s'était fissurée, au point d'éclater au grand jour dans un discours donné par David Frost en novembre 2021 devant le cercle de réflexion Centre for Policy. Dans son intervention, le secrétaire d'Etat avait déjà critiqué les hausses d'impôt annoncées par le gouvernement, et insisté sur «les libertés individuelles et la responsabilité», se disant «très heureux que le Royaume-Uni libre, ou au moins la joyeuse Angleterre, soit probablement le pays au monde le plus libre par rapport aux restrictions anti-Covid». A un moment où le passeport vaccinal n'était pas à l'ordre du jour, il souhaitait «que cette situation demeure».

Le départ de David Frost porte un coup supplémentaire à Boris Johnson, en pleine tourmente depuis les révélations sur une fête de Noël qui a eu lieu en décembre 2020 à Downing Street, sans respect des règles sanitaires imposées au reste de la population. Suite à ce scandale, le Premier ministre avait présenté des excuses le 8 décembre. De surcroît, le parti conservateur a essuyé une lourde défaite le 16 décembre, perdant son bastion électoral du North Shropshire au profit des Libéraux-démocrates. 

Réagissant à la démission de David Frost, le chef adjoint de l'opposition travailliste, Angela Rayner, a estimé sur Twitter que le gouvernement était «dans le chaos total, précisément quand le pays traverse des semaines d'incertitude», ajoutant que Boris Johnson n'était pas à la hauteur de la tâche. «Nous méritons mieux que cette bouffonnerie», a-t-elle cinglé.

Même du côté de la majorité, la contestation enfle : le député conservateur Andrew Bridgen a estimé sur Twitter que le chef du gouvernement était «à cours de temps et d'amis pour tenir les promesses et la discipline d'un véritable gouvernement conservateur». Le 20 décembre, David Frost a quant à lui assuré qu'il était parti en raison de désaccords «politiques» et non à cause de la personne du Premier ministre, qui reste la «bonne personne» pour diriger le pays. «J'ai quitté le gouvernement parce que je ne pouvais pas soutenir certaines politiques menées, plus récemment sur les restrictions anti-Covid», a déclaré David Frost dans une interview donnée à Sky News. «Quand vous êtes au gouvernement vous devez soutenir la responsabilité collective et je ne pouvais pas», a-t-il poursuivi. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a été désignée pour reprendre les dossiers post-Brexit.