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L'Allemagne lie la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 à la situation en Ukraine

Le chef de la diplomatie allemande a fait savoir que Nord Stream 2 ne pouvait «pas être approuvé car il ne répond pas aux exigences de la législation européenne sur l'énergie». Il a également mis en garde contre une «nouvelle escalade» en Ukraine.

Le gazoduc Nord Stream 2 ne peut pas être certifié en l'état car il n'est pas conforme à la réglementation de l'Union européenne en matière d'énergie. C'est ce qu'a fait savoir le 12 décembre le nouveau chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock. 

«En l'état actuel des choses, ce gazoduc ne peut pas être approuvé car il ne répond pas aux exigences de la législation européenne sur l'énergie, et que les questions de sécurité restent ouvertes», a déclaré la ministre fédérale des Affaires étrangères. Pour ces raisons, «il a été convenu entre les Américains et l'ancien gouvernement allemand» d'Angela Merkel «qu'en cas de nouvelle escalade ce gazoduc ne pourrait entrer en service», a-t-elle précisé sur la chaîne de télévision allemande ZDF, au moment où les Occidentaux disent craindre une invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

La ministre des Affaires étrangères a participé au cours du week-end à une réunion du G7 consacrée notamment aux tensions avec la Russie et doit s'entretenir ce 13 décembre avec ses partenaires européens à ce sujet, alors que le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz a lui-même avancé des menaces voilées concernant Nord Stream 2 : «Ce serait une grave erreur de croire que violer les frontières d'un pays européen resterait sans conséquences», a-t-il déclaré le 12 décembre lors d'une visite en Pologne.

Sa ministre des Affaires étrangères, qui représente les Verts (opposants de longue date du projet énergétique) au sein de la coalition au pouvoir, a par ailleurs assuré que le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique «ne peut pour le moment être autorisé car il ne remplit pas les règles de la législation européenne de l'énergie». «Nous sommes dans une phase en ce moment où nous voulons tout mettre en œuvre pour que des discussions reprennent, car le dialogue est le meilleur moyen d'éviter une escalade», a-t-elle néanmoins affirmé.

Moscou rappelle n'avoir jamais utilisé les ressources énergétiques comme moyen de pression

L'autorité allemande de régulation de l'énergie avait suspendu le 16novembre la procédure de certification de Nord Stream 2 au motif que le consortium basé en Suisse chargé de son exploitation devait créer une société de droit allemand.

Ce gazoduc est soutenu par le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine mais l'a également été, ces dernières années, par Angela Merkel au nom des garanties d'approvisionnement en gaz pour l'Europe. L'ancien chancelière, comme son successeur, a cependant lié les perspectives de lancement du projet à la préservation de l'accord actuel de transit du gaz russe par l'Ukraine. «Nous continuons à nous sentir responsables de veiller à ce que l'activité de transit de gaz de l'Ukraine reste fructueuse. Il en va de même pour les opportunités futures», a déclaré Olaf Scholz lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.

Côté russe, Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, a exprimé sa perplexité face aux tentatives de certains pays de lier le sort du gazoduc à la situation géopolitique, comme l'a relayé l'agence de presse TASS. Moscou a également déclaré à plusieurs reprises qu'il n'avait jamais utilisé les ressources énergétiques comme moyen de pression.