Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé ce 8 décembre de nouvelles restrictions pour lutter contre le variant Omicron du coronavirus, alors même qu'il affronte une tempête politique liée à une fête de Noël organisée l'an dernier à Downing Street en violation des règles anti-Covid.
Ce nouveau tour de vis, qui inclut le retour au télétravail et l'introduction d'un pass sanitaire en certains lieux, intervient un an après le début de la vaccination massive contre le coronavirus au Royaume-Uni, l'un des plus durement touchés avec près de 146 000 morts et plus de 45 000 contaminations quotidiennes.
«Il devient de plus en plus clair qu'Omicron se propage beaucoup plus rapidement que le variant Delta précédent», avec 568 cas identifiés à ce jour au Royaume-Uni, et un chiffre réel «certainement beaucoup plus élevé», a déclaré Boris Johnson lors d'une conférence de presse.
Précisant que le nombre de cas dus à Omicron semblait doubler tous les deux à trois jours dans le pays, et sans préjuger de la sévérité des symptômes provoqués par le variant, Boris Johnson a souligné que «cette croissance exponentielle pourrait mener à une forte hausse des hospitalisations et donc, malheureusement, des morts».
«C'est pourquoi passer au plan B» de restrictions en Angleterre est «la chose proportionnée et raisonnable à faire», le temps d'accélérer la campagne de rappel vaccinal, a-t-il ajouté. «C'est le meilleur moyen d'assurer que nous ayons tous un Noël le plus normal possible», a-t-il conclu.
Dès le 13 décembre, les employés devront de nouveau travailler à nouveau de chez eux «si cela est possible».
Le pass sanitaire contesté par des députés de la majorité
Le passeport vaccinal, contesté par certains députés de la majorité conservatrice, est introduit pour la première fois en Angleterre. Il était déjà en vigueur dans les autres nations du royaume, qui définissent chacune leur propre réponse à la crise sanitaire.
Dès le 15 décembre, il faudra donc montrer un test négatif ou avoir reçu deux doses de vaccin pour aller en discothèque ou dans un lieu de grand rassemblement (tous les lieux de plus de 10 000 personnes, et de moindre capacité quand les personnes sont debout).
Ces mesures ont été fraîchement accueillies par les entreprises, l'organisation professionnelle CBI y voyant un «important revers» en cette période de fêtes chargée. Pour les chambres de commerce britanniques, elles risquent d'affecter «la fragile reprise, les commandes et le chiffre d'affaires».
Pour freiner Omicron, le Royaume-Uni avait déjà réintroduit des mesures comme des restrictions aux voyages, au grand dam du secteur, et le port du masque dans les magasins et les transports en commun. Ce dernier sera désormais obligatoire aussi dans les cinémas, théâtres et lieux de culte – mais pas les pubs et restaurants.
En parallèle, la campagne de rappel vaccinal a été accélérée, avec l'objectif d'administrer une troisième dose à tous les plus de 18 ans d'ici fin janvier.
Plus de 81% de la population âgée de plus de 12 ans a déjà reçu deux doses d'un vaccin anti-Covid, et 37% une troisième.
Afin de ne pas paralyser l'économie, comme ce fut le cas durant l'été en pleine flambée du variant Delta, les cas contacts d'un malade contaminé par Omicron pourront faire un test antigénique quotidien plutôt que de devoir s'isoler.
Ces mesures, qui seront réévaluées début janvier, arrivent en pleine tempête politique. Le Premier ministre s'est excusé ce 8 décembre et sa conseillère a démissionné après la publication d'une vidéo dans laquelle elle plaisantait sur une fête de Noël qui aurait eu lieu à Downing Street l'an dernier. Cette affaire a provoqué l'indignation des Britanniques, qui étaient à l'époque privés de retrouvailles familiales.
Alors que certains députés d'opposition ont réclamé sa démission, Boris Johnson a annoncé une enquête interne et promis des «conséquences» pour ceux qui n'auraient pas respecté les règles.
Il s'est défendu devant la presse de vouloir détourner l'attention. «Imaginez si ces mesures avaient dû être reportées en raison d'événements politiques d'une forme ou une autre. Que diront les gens alors?», a-t-il rétorqué, alors que son gouvernement a souvent été critiqué pour sa réticence à serrer la vis face au coronavirus.