Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a qualifié le 28 novembre d'«ennemis» et d'«espions» les observateurs de l'Union européenne (UE) venus pour les récentes élections locales, niant les irrégularités signalées dans leur rapport de mission. «Ceux qui sont venus en ennemis, la délégation d'espions de l'UE, n'ont pas trouvé d'éléments pour critiquer le système électoral», a déclaré Nicolas Maduro, fustigeant «un rapport plein d'improvisations et mal rédigé».
«Ce n'étaient pas des observateurs internationaux. Des espions de l'Union européenne !», a lancé le président. Selon lui, les observateurs «cherchaient [...] à salir le processus électoral impeccable et démocratique du Venezuela, mais ils n'ont pas réussi», a ajouté Nicolas Maduro lors d'une allocution à la télévision publique.
«Il y a eu des élections transparentes, fiables, justes, sûres et libres. Et le chavisme a remporté une victoire écrasante», a-t-il estimé. Le camp du président a remporté 19 des 23 Etats lors du scrutin régional et municipal du 21 novembre, alors que le résultat, qui s'annonce serré selon le dépouillement provisoire, de l'Etat de Barinas, «fief» de la famille Chavez, n'a toujours pas été proclamé.
Le 23 novembre, la mission d'observation de l'UE avait souligné plusieurs irrégularités lors de la présentation de son rapport préliminaire. «Notre mission a pu constater le manque d’indépendance judiciaire, la non-adhésion à l'Etat de droit et le fait que certaines lois ont affecté l'égalité des conditions, l'équilibre et la transparence des élections», avait affirmé la responsable de la mission, Isabel Santos. Celle-ci avait aussi évoqué «l'utilisation des ressources de l'Etat» et la non-validation «arbitraire» de certaines candidatures.
Autre critique: l'existence des puntos rojos (points rouges) près des bureaux de vote, des checkpoints jugés illégaux et tenus par le parti du président Maduro, dont la couleur est le rouge.
Un cadre électoral respectant la plupart des critères internationaux
La mission, la première depuis 15 ans au Venezuela, a cependant noté des améliorations des «conditions» du vote par rapport aux scrutins précédents et précisé que le «cadre électoral respecte la plupart des critères internationaux de base».
Le scrutin était marqué par le retour de l'opposition, après les boycotts des législatives de 2020 et la présidentielle de 2018. L'opposition, très divisée, n'a pas réussi à s'organiser pour concurrencer le parti du président Maduro, pourtant fragilisé par une crise économique sans pareille dans ce pays pétrolier, selon la plupart des observateurs.
Le gouvernement vénézuélien, qui cherche à faire lever une partie des sanctions économiques, émanant notamment des Etats-Unis qui ne reconnaissent pas le président Maduro, avait fait plusieurs concessions pour ce scrutin afin de donner des gages de bonne volonté et de démocratie à la communauté internationale. Il avait notamment accepté une réforme du Conseil électoral et la présence de la mission européenne.
Pour l’opposition, cette première participation à une élection depuis 2017 doit servir de point de départ en vue de la présidentielle de 2024.