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Incident diplomatique entre la Chine et la Lituanie du fait d'une ambassade taïwanaise à Vilnius

Annoncé cet été, l'ouverture d'une ambassade taïwanaise à Vilnius continue d'éprouver le dialogue entre la Chine et la Lituanie. Ce pays d'Europe du Nord vient de réagir à une rétrogradation de ses relations diplomatiques avec Pékin.

La Lituanie a affirmé le 21 novembre qu'elle regrettait la décision de la Chine de limiter ses liens diplomatiques avec Vilnius, après que Taïwan a établi une ambassade de facto dans cette ville.

«La Lituanie réaffirme son adhésion à la politique "Une Chine", mais en même temps a le droit d'étendre sa coopération avec Taïwan [y compris par l'établissement de missions non-diplomatiques]», a fait savoir le ministère lituanien des Affaires étrangères dans un communiqué cité par l'AFP.

Quelques heures plus tôt, la Chine avait officiellement rétrogradé ses relations diplomatiques avec la Lituanie au rang de «chargé d'affaires». «Le gouvernement chinois a dû abaisser les relations diplomatiques entre les deux pays [...] afin de sauvegarder sa souveraineté et les normes fondamentales des relations internationales. [...] Le gouvernement lituanien doit assumer toutes les conséquences qui en découlent», peut-on lire dans le communiqué chinois cité par l'AFP.

Pékin a en outre estimé que la Lituanie avait «abandonné l'engagement politique pris lors de l'établissement de relations diplomatiques [avec la Chine]», en référence à «la politique d'une seule Chine», selon laquelle les pays reconnaissent officiellement le gouvernement chinois plutôt que celui de Taïwan.

Taïwan, un dossier lourd d'enjeux géostratégiques 

L'annonce en juillet de l'ouverture de cette ambassade avait poussé Pékin à rappeler son ambassadeur en Lituanie et à exiger que Vilnius rappelle son ambassadrice en Chine, ce que la Lituanie avait fait. Pékin avait également interrompu la circulation des trains de marchandises à destination de la Lituanie et cessé de délivrer des permis d'exportation de produits alimentaires.

Ce dernier épisode s'ajoute aux multiples tensions qui alimentent régulièrement la question brûlante de l'autonomie taïwanaise. A travers ce dossier, des chancelleries occidentales, Washington en premier lieu, exercent une pression continue sur Pékin sur fonds d'enjeux géostratégiques et commerciaux. 

Dans ce contexte, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie ont par exemple scellé en septembre une alliance de défense permettant à l'Australie d'acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire utilisant la technologie américaine. Même si la livraison n'est pas prévue avant plusieurs années et que la Chine n'est pas explicitement citée, l'annonce a provoqué la colère de Pékin et, séparément, déclenché un important incident diplomatique avec la France à qui le contrat sur les sous-marins était initialement promis.