La police néerlandaise a tiré des coups de feu ce 19 novembre lors d'«émeutes» qui ont éclaté au cours d'une manifestation à Rotterdam contre des mesures de confinement liées à la pandémie. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et au moins sept personnes ont été blessées, dont des policiers, lors d'un déchaînement de violence nocturne dans l'une des principales rues commerçantes de la ville.
«Une manifestation [...] a dégénéré en émeutes. Des incendies ont été allumés à divers endroits, des feux d'artifice ont été tirés et la police a procédé à plusieurs tirs [d'avertissement]», ont indiqué les forces de l'ordre sur Twitter. «Des coups de semonce ont été tirés à plusieurs reprises. A un moment donné, la situation est devenue si dangereuse que les agents se sont sentis obligés de tirer sur des cibles», a précisé la police. Le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb a qualifié les incidents d'«orgie de violence».
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait annoncé une semaine plus tôt la réintroduction d'un confinement partiel avec une série de restrictions sanitaires, touchant notamment le secteur de la restauration, pour faire face à un nombre record de cas de Covid-19. Les bars et les restaurants doivent fermer à 20h au moins jusqu'au 4 décembre.
Le gouvernement néerlandais envisage en outre de restreindre l'accès aux lieux de restauration et de loisirs après la période de trois semaines aux seules personnes vaccinées ou guéries du coronavirus. Mais la mesure, très controversée, a rencontré une opposition significative lors d'un débat au Parlement cette semaine. Des mesures similaires ont déjà été prises en Allemagne, tandis que l'Autriche s'apprête à reconfiner totalement sa population le 22 novembre.
Une situation «très grave» à Rotterdam
A Rotterdam, la manifestation qui a débuté dans le centre-ville «a donné lieu à des émeutes». «Des incendies ont été allumés à plusieurs endroits. Des feux d'artifice ont été déclenchés et la police a tiré plusieurs tirs de sommation», a déclaré la police dans un communiqué. La télévision publique néerlandaise NOS a affirmé de son côté que deux personnes avaient été blessées par ces tirs.
La police anti-émeute a repoussé à plusieurs reprises les manifestants, en déployant notamment un canon à eau, selon cette même source. «Il y a des blessés liés aux coups de feu tirés», a-t-elle ajouté. Plusieurs centaines de manifestants ont crié des slogans dont «Liberté», lancé des pierres sur la police et les pompiers et mis le feu à plusieurs scooters électriques, selon les médias locaux. Des images partagées sur les réseaux sociaux ont montré une voiture de police en flammes, ce qu'un porte-parole a également confirmé auprès de l'AFP.
La situation s'était largement calmée par la suite, mais l'épave fumante d'une voiture de police incendiée et des dizaines de vélos brisés jonchaient les lieux, a observé un journaliste de l'AFP. La police anti-émeute portant des boucliers et des matraques dirigeait des groupes de personnes loin de la zone. La police a également bouclé plusieurs endroits pour rechercher des preuves, avec un doigt humain visible au sol sur l'une d'entre elles, a déclaré le correspondant de l'AFP.
La police néerlandaise a déclaré que des unités de tout le pays avaient été mobilisées pour «rétablir l'ordre» à Rotterdam. «Des dizaines d'interpellations ont désormais été effectuées. Il est prévu que d'autres interpellations suivront. Environ sept personnes ont été blessées, y compris du côté des forces de l'ordre», indique un communiqué de la police. Décrivant une situation «très grave», les autorités locales ont interdit les rassemblements dans la zone afin de prévenir de nouvelles violences.
Plusieurs milliers de manifestants attendus à Amsterdam
Comme une partie du reste de l'Europe, les Pays-Bas ont observé une augmentation des cas de Covid ces derniers jours avec plus de 21 000 nouvelles infections signalées le 19 novembre. Les dernières restrictions, annoncées le 12 novembre, avaient déclenché des affrontements entre manifestants et policiers devant le ministère de la Justice à La Haye. La police néerlandaise avait utilisé un canon à eau pour disperser des manifestants le jour de l'annonce de ces mesures.
La police avait également arrêté 15 personnes le 13 novembre dans une ville du nord des Pays-Bas après des heurts entre les forces de l'ordre et des centaines de personnes mécontentes de la fermeture anticipée des bars à cause du Covid-19. En janvier dernier, les Pays-Bas ont connu leurs pires émeutes depuis quatre décennies, y compris à Rotterdam, après l'entrée en vigueur d'un couvre-feu.
Ce 20 novembre, plusieurs milliers de personnes devraient manifester à Amsterdam et dans la ville méridionale de Breda, indiquent les médias locaux.