L'Allemagne va généraliser les restrictions spécifiques pour les non-vaccinés, comme leur exclusion de certains lieux publics, afin de combattre la flambée des infections de Covid-19, a annoncé ce 18 novembre la chancelière sortante Angela Merkel à l'issue d'une réunion de crise.
Dans le détail, les dirigeants ont préconisé de limiter drastiquement la vie sociale des non-vaccinés. Des mesures les visant sont déjà en vigueur dans les régions les plus touchées. Elles vont être étendues à l'ensemble du territoire.
La règle dite du «2G», qui autorise seulement les vaccinés («geimpfte») et les guéris («genesene») à accéder à des lieux publics comme les restaurants ou salles de concert sera appliquée dès que le seuil d'hospitalisation dépasse trois malades du Covid pour 100 000 habitants, a-t-elle déclaré, ce qui est le cas dans la majorité des régions du pays. Selon cette disposition, la présentation d'un test négatif ne suffit plus si la personne n'est pas vaccinée. La ville-Etat de Berlin applique déjà cette mesure.
Lorsque le seuil d'hospitalisation dépasse six, les vaccinés et les guéris devront, en plus de leur certificat, avoir un test négatif pour accéder à une liste d'établissements. Des fermetures de magasins, restaurants ou bars dans les régions ne sont pas exclues en dernier recours. En revanche, les écoles resteront ouvertes, mais les élèves soumis à des tests réguliers.
Des décisions prises au cours d'une réunion de crise
Les responsables ont aussi décidé un retour massif au télétravail partout où cela est possible et une obligation de pass sanitaire dans les transports et sur le lieu de travail. L'accès aux centres de soins ou maisons de retraite pour les visiteurs et les personnels soignants ne sera accordé que sur présentation d'un test de moins de 24 heures, y compris pour les personnes vaccinées ou guéries.
«Nous avons besoin de mettre rapidement un frein à la hausse exponentielle» des nouvelles infections et de l'occupation des lits en soins intensifs, a déclaré la chancelière sortante Angela Merkel, au terme d'une réunion de crise avec les chefs de gouvernement régionaux, compétents en matière sanitaire.
La rencontre s'est tenue alors que le nombre de nouvelles infections a bondi de 65 371 en 24 heures, selon les données de l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), du jamais-vu depuis le début de la pandémie.
La quatrième vague de pandémie, qualifiée de «hautement dramatique» par la dirigeante sur le départ, a frappé la première économie européenne en pleine vacance de pouvoir, le gouvernement d'Angela Merkel étant chargé d'expédier les affaires courantes, tandis que les trois partis SPD, Verts et Libéraux négocient pour former un nouvel exécutif début décembre.
Obligation vaccinale pour le personnel des hôpitaux
L'Allemagne veut également rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour le personnel des hôpitaux et maisons de retraite, ont annoncé ce 18 novembre le gouvernement et les chefs des régions, après une réunion d'urgence.
«Nous devons protéger les groupes les plus vulnérables», ont-ils déclaré dans une déclaration commune, ajoutant qu'«il est nécessaire que le personnel» des établissements hospitaliers, de soins ou des maisons de retraite «soit obligé d'être vacciné contre le coronavirus». Le gouvernement d'Angela Merkel s'était jusqu'ici refusé à envisager l'obligation de vaccination pour certaines catégories professionnelles.
Mais le calendrier d'application de cette mesure est encore flou. «La vaccination est et reste le moyen de sortir de la pandémie», ont insisté les responsables allemands, encourageant vivement les indécis à faire preuve de «solidarité» et à sauter le pas. La vaccination a vocation à devenir obligatoire pour les footballeurs professionnels, ont-ils encore annoncé.
En Allemagne, seulement 67,8% de la population est complètement vaccinée, selon les derniers chiffres du RKI.
Les vaccinations de rappel, recommandées depuis ce 18 novembre par la commission vaccinale STIKO pour toute la population adulte après six mois, en sont à leurs balbutiements.
La mise en œuvre rapide de ces mesures reste encore suspendue à la validation le 19 novembre par le Bundesrat, la chambre haute du Parlement, d'une nouvelle loi épidémiologique, qui en fixe le cadre légal.
Elaborée par le SPD, les verts et les libéraux, elle a déjà été adoptée le 18 novembre par les députés du Bundestag au terme d'un débat houleux, les conservateurs jugeant le texte «insuffisant» pour lutter efficacement contre la pandémie.