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Washington affirme vouloir aider les journalistes menacés par des pouvoirs jugés autoritaires

Indifférente aux multiples appels en faveur de l'abandon de ses poursuites visant Julian Assange, l'administration américaine assure en revanche vouloir aider les professionnels de l'information menacés par des pouvoirs jugés autoritaires.

«Nous allons offrir de prendre en charge les coûts nécessaires pour faire face à des plaintes en diffamation et pour dissuader des autocrates et des oligarques», a déclaré le 4 novembre Samantha Power, directrice de l'agence gouvernementale américaine pour le développement international (USAID). Fait notable, l'institution en question est elle-même l'objet de multiples controverses sur les terrains où elle opère, particulièrement en Amérique latine, où elle a été au cœur de plusieurs affaires troublantes. En 2013 par exemple, cette agence américaine était expulsée de Bolivie par le gouvernement qui l'avait alors accusée d'agir «pour des objectifs politiques et non pour des objectifs sociaux».

Nous devons contribuer à soutenir une presse mondiale libre et équilibrée pour que les dirigeants rendent des comptes

La patronne de l'USAID affirme pour sa part souhaiter défendre «les médias indépendants» face à des pouvoirs jugés autoritaires recourant à des «tactiques sommaires mais efficaces afin de faire disparaître des informations qu'ils ne souhaitent pas voir rapportées».

«Alors que les autocrates deviennent de plus en plus astucieux dans leur volonté de contrôler et manipuler les gens, nous devons contribuer à soutenir une presse mondiale libre et équilibrée pour que les dirigeants rendent des comptes», a encore déclaré la haute responsable américaine.

Une bienveillance de façade

Cette bienveillance affichée par l'administration américaine pour les journalistes «à l'étranger» se heurte toutefois à son acharnement de longue date contre le journaliste australien Julian Assange, qu'elle est aujourd'hui déterminée à juger sur son sol : un combat au cours duquel elle n'a cessé de gratifier de son silence toutes les voix appelant à la fin des poursuites visant le fondateur de WikiLeaks.

Washington n'a en effet jamais daigné prendre en compte les innombrables sollicitations en ce sens d'organisations de défense de la liberté de la presse et d'ONG de défense des droits de l'homme. D'ailleurs, l'administration américaine mène actuellement une procédure d'appel auprès de la justice britannique pour obtenir l'extradition de Julian Assange qui, en conséquence, est maintenu dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni depuis le 11 avril 2019, bien qu'il n'y purge actuellement aucune peine.

Aux Etats-Unis, le journaliste australien risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan, impliquant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Ses soutiens invitent les Etats-Unis à poursuivre les «criminels de guerre» plutôt que le journaliste qui a révélé leurs méfaits.