Appelés à se prononcer sur un projet de refonte de leur police, les habitants de Minneapolis ont rejeté le 2 novembre l’idée d’une réforme allant dans le sens d'un «démantèlement de la police» (Defund the police), conformément aux multiples appels qui avaient émergé après la mort de George Floyd en mai 2020.
Un an et demi plus tard, les électeurs de cette métropole étaient appelés à se prononcer sur le projet de «remplacement des services de police par des services de sécurité publique». Cette réforme avait pour but de mettre davantage l’accent sur la prévention de la criminalité que sur la répression. Si la mesure était passée, l'actuel Minneapolis Police Department (MPD) aurait été remplacé par «un département de sécurité publique» chargé d’adopter «une approche globale de santé publique». Qui plus est, davantage de moyens auraient été accordés au recrutement de travailleurs psychosociaux.
Au final, 56 % des résidents de la plus grande ville du Minnesota ont voté contre la réforme. Le maire démocrate de Minneapolis, Jacob Frey, candidat à sa propre succession, était opposé à cette initiative, et a salué le résultat du vote. «Nous avons besoin d’un changement profond et structurel du maintien de l’ordre en Amérique, mais en même temps, nous devons nous assurer que les policiers travaillent directement avec la collectivité, pour assurer notre sécurité», a-t-il déclaré à ses partisans, des propos relayés par le Washington Post.
Les partisans de la refonte pointaient du doigt le besoin de rompre avec une institution «structurellement raciste». Pour expliquer leur défaite, ces derniers accusent les opposants à la réforme d'avoir mené une campagne de «désinformation» visant «à semer la peur».
Les opposants à la refonte font, quant à eux, valoir que le projet en question était «flou». Citée par le Washington Post, une électrice noire vivant dans le nord de la ville déclarait ainsi «craindre que la refonte ne soit en réalité qu'un effort détourné pour abolir la police, ce qui était inenvisageable dans un quartier qui a connu de nombreux épisodes de violence armée ayant tué et blessé des dizaines de personnes cette année».
Un vote dans un contexte de hausse généralisée de l'insécurité
Il faut dire que le vote est intervenu dans un contexte de hausse généralisée de la criminalité dans toutes les grandes métropoles des Etats-Unis. Un contexte peu porteur pour un projet qui envisageait, entre autres, de supprimer le seuil minimal des effectifs des agents de police à Minneapolis, dont le nombre a diminué de 161 depuis la mort de Georges Floyd. Le nord de la ville est particulièrement touché par la hausse de l'insécurité, certains résidents n'hésitant pas à parler de «zone de guerre». Néanmoins, d'autres parties de la ville d'ordinaire plus paisibles sont aussi affectées. C'est ainsi que le quartier de Marcy Holmes, bordant l'Université du Minnesota, a connu une augmentation de 60% de la criminalité depuis un an.
Minneapolis n'est pas la seule ville touchée par ce phénomène. De nombreuses vidéos dénonçant la montée de l'insécurité dans les rues des grandes métropoles américaines circulent sur les réseaux sociaux. Même des sites prestigieux tels que Venice Beach à Los Angeles sont aujourd'hui touchés par une flambée de la violence.