Durant la phase III des essais cliniques sur le vaccin contre le Covid de Pfizer et BioNTech, un sous-traitant de l'entreprise pharmaceutique américaine aurait fait preuve de négligence et falsifié des données liées aux patients, selon une enquête du British Medical Journal (BMJ) publiée le 2 novembre.
La revue se base sur le témoignage de Brook Jackson, employée pendant deux semaines comme responsable régionale du groupe Ventavia, basé au Texas. Ce dernier est une «société de recherche contractuelle», entreprise de sous-traitance spécialisée dans la conduite d'essais cliniques. Ventavia a été employé par Pfizer pour conduire des essais sur 1 000 personnes, pour un total de 44 000 patients testés à travers le monde durant l'essai final à l'automne 2020, avant l'approbation du vaccin.
Brook Jackson a expliqué au BMJ avoir constaté – durant la phase 3 des essais – des données falsifiées, des entorses aux méthodes d'étude randomisée en double aveugle, le recours à des employés insuffisamment formés et des retards de déclaration d'effets indésirables. La revue médicale précise que la lanceuse d'alerte a fourni au BMJ «des dizaines de documents internes à l'entreprise, photos, enregistrements audio et e-mails».
Ventavia a continué de travailler avec Pfizer sur le vaccin pour les enfants et les femmes enceintes
Après avoir informé à plusieurs reprises Ventavia de ces problèmes, Brook Jackson a envoyé en septembre 2020 une plainte par e-mail à la Food and drug administration (FDA), l'administration américaine de contrôle des médicaments. Ventavia l'a licenciée le jour même, au motif qu'elle n'était «pas une bonne recrue», selon la lettre de licenciement consultée par le BMJ.
Evoquant des témoignages d'autres anciens employés de Ventavia, la revue médicale affirme disposer de documents qui montreraient un mauvais stockage des vaccins utilisés pour les tests, des conditions d'utilisation des seringues ne respectant pas les normes sanitaires, et qui prouveraient que la quasi-totalité du personnel de l'entreprise pouvait avoir accès aux données sur l'identité des patients, ce qui entre en contradiction avec la méthode de tests en aveugle.
Ces irrégularités auraient inquiété le conseil d'administration de Pfizer, soucieux de possibles audits de la part de la Food and drug administration. Mais en dépit des alertes sur Ventavia, toujours d'après le BMJ, le sous-traitant a continué de travailler avec Pfizer, participant à des essais de moins grande ampleur destinés à évaluer le vaccin chez les enfants, les femmes enceintes, et comme dose de rappel.