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Face à la polémique, le Conseil de l'Europe retire les tweets de sa campagne sur le hijab

Une campagne de communication européenne vantant la «liberté dans» le voile islamique a suscité une forte polémique. En réaction, le Conseil de l'Europe, à l'origine de la campagne, a décidé de fermer le fil de discussion Twitter qui lui est associé.

Le Conseil de l’Europe, une organisation internationale qui regroupe 47 États membres, a décidé le 2 novembre de fermer le fil de discussion Twitter associé à une campagne de communication faisant la promotion de la «liberté dans le hijab» suite aux nombreuses critiques engendrées par l'initiative. Le gouvernement français a lui-même protesté contre cette campagne.

Interrogé par Le Figaro, un porte-parole du Conseil de l'Europe a indiqué que «la page web du projet sera adaptée et montrera comment la liberté de choisir est synonyme de diversité». Le Conseil de l'Europe a également tenu à préciser que ces tweets «qui faisaient partie d'un projet conjoint du Conseil de l'Europe et de l'Union européenne», reflétaient «les déclarations faites de manière individuelle par des participants» et ne sont donc «pas individuellement attribuables au Conseil de l'Europe».

L’initiative a suscité l’indignation de la classe politique française, à droite comme à gauche, mais également des autorités politiques.

Le gouvernement français intervient

Secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, Sarah El Haïry. «Cette vidéo m'a profondément choquée», a-t-elle commenté sur LCI, ajoutant que cette vidéo qui «prône» le port du voile représente «l'opposé des valeurs que la France défend».

«La France a fait part de sa désapprobation extrêmement vive, d'où le retrait de cette campagne dès aujourd'hui», a encore commenté la Secrétaire d'Etat.

Du côté de l'opposition, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy (LR) a dénoncé une «dérive très grave» des institutions européennes.

«Rappeler que les femmes sont libres de porter le hijab [...] est une chose. Dire que la liberté est dans le hijab, en est une autre. C'est en faire la promotion», a estimé de son côté Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l'Oise et ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes sous le quinquennat de François Hollande.

Eric Zemmour a, quant à lui, dénoncé un «djihad publicitaire» et un plaidoyer pour le «voilement des Européennes», le tout financé par l’argent des contribuables continentaux.

«Ceci n’est pas une campagne de propagande des Frères Musulmans, mais du Conseil de l’Europe», a raillé de son côté Nicolas Dupont-Aignan.

Enfin, Marine Le Pen (RN) a dénoncé une campagne «scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement, y compris en France».

Une campagne cofinancée par un programme de l'UE

Le Conseil de l'Europe avait déclenché une vague de critiques en faisant l’apologie du voile dans une campagne de communication visant à «lutter contre les discours de haine antimusulmans». La campagne est cofinancée par l'Union européenne au travers de son programme «Droits, Égalité et Citoyenneté». Ce programme doté d'un budget de 439 millions d'euros pour la période 2014-2020, doit contribuer à ce que «l'égalité et les droits des personnes tels qu'ils sont inscrits dans le Traité, la Charte et les conventions internationales des droits de l'homme, soient promus, protégés et effectivement mis en œuvre».

Dans le cadre de la campagne de promotion, le Conseil de l'Europe a publié sur son site plusieurs visuels faisant apparaître des femmes vêtues du voile islamique, à côté d'un slogan. L'un de ces slogans affirme que «la beauté est dans la diversité, comme la liberté est dans le hijab». Les visuels ont pour but d'être diffusés sur les réseaux sociaux.

Centrées principalement sur la question du voile islamique, les affiches, mais également des vidéos présentent le hijab comme «un choix» et «un droit humain». Avec le voile islamique, «je peux être moi-même sans devoir me cacher», peut-on lire sur une des affiches.

Sur la page dédiée à la campagne, le Conseil de l'Europe souligne pour sa part que l'initiative vise à «développer des narratifs basés sur les droits de l'Homme pour contrer le discours de haine anti-musulmans».