Quelques semaines après la crise des sous-marins australiens, lors de leur rencontre le 29 octobre à Rome, les présidents français et américain ont fait part de leur enthousiasme quant à la bonne évolution des relations entre leurs deux pays. Comme si le camouflet n'était qu'un lointain souvenir, Emmanuel Macron a joué l'apaisement : «Nous avons clarifié ce que nous avions à clarifier», a ainsi déclaré le président français. Puis d'ajouter avec optimisme : «C'est l'avenir qu'il faut regarder.» Joe Biden a confessé pour sa part que les Etats-Unis avaient été «maladroits», avant de donner une tape amicale à son interlocuteur. Une séquence diplomatique fortement critiquée par de nombreux membres de l'opposition.
A gauche, le sénateur du Parti socialiste (PS), Rachid Temal, s'est questionné sur les propos du président américain qui évoque une simple maladresse dans ce dossier. «J’imagine si les USA avaient été habiles alors. Tout cela ressemble bien à une deuxième humiliation… sans broncher», a dénoncé sur Twitter le parlementaire.
Le sénateur PS et porte-parole d'Arnaud Montebourg, Mickaël Vallet, est pour sa part revenu sur la déclaration de Joe Biden qui a également assuré que «la France [était] l'allié le plus ancien et le plus loyal des Etats-Unis». «Je vous raconte pas si on n’avait pas été le plus ancien et le plus loyal», a ironisé le parlementaire.
Le président de République souveraine et candidat à l'élection présidentielle de 2022, Georges Kuzmanovic, a évoqué une «farce». Il a également considéré que Macron n'avait «pas réagi en président d'une nation indépendante lorsque les USA se sont essuyés les pieds sur la France lors du scandale des sous-marins».
Constat sévère à droite également
A droite, le constat est aussi sévère. Le député Les Républicains (LR), Pierre-Henri Dumont, a cité ce propos de Joe Biden sur l'affaire du contrat des sous-marins : «J'avais l'impression que la France savait depuis longtemps que l'accord n'allait pas pouvoir être tenu». Et d'ironiser ensuite à propos de cette déclaration américaine : «A votre avis, le président américain prend Emmanuel Macron pour un idiot [ou] le gouvernement a menti aux Français en expliquant qu’il n’était pas au courant ?»
Le maire LR de Maisons-Laffitte, Jacques Myard, a vu dans la rencontre entre Emmanuel Macron et Joe Biden comme «du cinéma hollywoodien avec des larmes de crocodile du côté américain et du "embrassons-nous Folleville" côté Macron qui proclame regardons l’avenir, lequel sera à l’aune de la volonté de Washington».
Emmanuel Macron commence par vendre Alstom aux Américains et finit par s’écraser devant Biden après l’épisode des sous-marins !
Le maire LR de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, a quant à lui constaté qu'il s'agissait tout simplement d'«une humiliation de plus». «Mais quand allons-nous cesser d’accepter, avec ce président français qui n’aime pas la France, de manger des couleuvres sans avoir le choix du menu ?!» a-t-il ajouté.
Pour Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, cette séquence diplomatique a pris la forme d'une «humiliation». «Je ferai respecter la France en assurant son indépendance : sortons du commandement intégré de l'OTAN.», a-t-elle ajouté.
Selon le député de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, «Emmanuel Macron commence par vendre Alstom aux Américains et finit par s’écraser devant Biden après l’épisode des sous-marins !» «Cet homme n’est que le petit soldat de l’impérialisme américain, le caniche des Etats-Unis», s'est exclamé le candidat à la présidentielle pour 2022.
Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, a évoqué lui aussi ce qu'il juge comme une «humiliation» subie par la France et a condamné l'attitude du président français : «Trump disait que Macron était "une mauviette". On l’a constaté hier face à Biden : humiliation puissance 10 !»
Membre de la direction des Patriotes, Joffrey Bollée a remarqué que «là Biden [était] juste en train de dire à Macron que nos services de renseignement [avaient] failli et que notre naïveté [était] telle qu’elle nous [rendait] coupables, ce qui est cruel mais vrai». «Macron humilié une deuxième fois», a-t-il ajouté.
Le candidat à l'élection présidentielle et président de l'UPR, François Asselineau, a lui aussi affirmé qu'Emmanuel Macron avait été «humilié», avant de critiquer l'attitude du président américain en ces termes :«Revoyant Macron pour la première fois depuis la crise des sous-marins, Biden était censé présenter des excuses. Que nenni.»