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Licences de pêche post Brexit : deux navires britanniques verbalisés au Havre, Paris hausse le ton

Deux navires de pêche britanniques ont été verbalisés à la suite de contrôles effectués au large du Havre, nouvel épisode du conflit sur les licences de pêches sur lequel Paris veut saisir la Commission européenne. Londres appelle à la désecalade.

Le conflit sur les licences de pêche entre la France et le Royaume-Uni dans le sillage du Brexit a connu un nouvel épisode le 27 octobre avec la verbalisation de deux navires britanniques au large du Havre. Le premier a refusé d’obtempérer tandis que le second ne disposait pas de licence pour pêcher dans les eaux françaises, entraînant son déroutage à quai et la remise à l’autorité judiciaire, selon un communiqué du ministère de la Mer.

Annick Girardin, ministre de la Mer, a précisé également dans son communiqué que les produits de la pêche ont fait l'objet d'une confiscation mais pourront être restitués contre le paiement d’une caution.

Elle s'est également exprimée au micro de RTL le 28 octobre pour annoncer que la France demanderait «à la Commission européenne de signifier au Royaume-Uni qu'il ne respecte pas son accord». «Ce n'est pas la guerre, c'est un combat», a poursuivi Annick Girardin, écartant par ailleurs l’idée de couper l’électricité sur les îles anglo-normandes comme Jersey, qualifiée de «pas sérieuse». «Par contre, nous pourrons examiner les tarifs de l’électricité française au Royaume-Uni», a-t-elle suggéré.

Clément Beaune, le Secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, s’est quant à lui montré ferme sur le plateau de CNews le 28 octobre : «Les navires britanniques qui veulent débarquer leurs produits de la pêche dans nos ports, ce sera terminé, sauf exception [...] Nous n'aurons aucune tolérance, aucune complaisance.»

Londres appelle à la désescalade, Castex se dit «ouvert aux discussions»

Dans la foulée de ces déclarations, le gouvernement britannique a cherché à apaiser les tensions. «Il est important de rester calme et d'aller vers une désescalade», a ainsi déclaré le ministre de l'Environnement George Eustice lors d'une brève intervention sur le sujet au Parlement. «Notre porte reste toujours ouverte», a-t-il ajouté.

Le ministre a réaffirmé que des licences de pêche avaient été accordées à 98% des bateaux européens qui en avaient fait la demande, dont quatre dans les derniers jours, sur la base de nouvelles informations fournies par l'Union européenne. «Nous restons engagés et disposés à prendre en compte de nouvelles informations», a-t-il ajouté.

Un message d'apaisement auquel le Premier ministre français Jean Castex a répondu en fin de matinée le 28 octobre, lors d'un déplacement à Lorient, en se disant ouvert «en permanence aux discussions», si tant est que les Britanniques respectent leurs engagements. «Comprenez que nous soyons intransigeants sur le fait que [...] les engagements souscrits soient tenus», a déclaré le chef du gouvernement français, avant d'affirmer: «Nous veillerons au respect de nos intérêts et au respect de la parole donnée.»

L'accord post-Brexit, conclu à la fin de l'année 2020 entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d'obtenir une licence, accordée s'ils peuvent prouver qu'ils y pêchaient auparavant.

La France et le Royaume-Uni sont toutefois en conflit sur la question de ces licences. Paris a notamment menacé de prendre des mesures de rétorsion, dont une partie pourrait entrer en vigueur dès le 2 novembre, sauf changement de cap de la politique britannique d'ici là. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a ainsi annoncé le 27 octobre la mise en place de «contrôles douaniers et sanitaires systématiques sur les produits débarqués en France et l'interdiction de débarquement de produits de la mer».