Le 27 octobre, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a exprimé les inquiétudes de la Russie quant à la «militarisation du domaine de l'information» qu'est en train d'opérer la France.
Il semblerait que personne n'ait encore osé déclarer aussi ouvertement ses intentions de faire du domaine de l'information un champ de bataille
Sur son canal Telegram, Maria Zakharova s'est exprimée en ces termes : «L'armée française a dévoilé une nouvelle doctrine, "la guerre informationnelle pour l'influence", sans une once de camouflage. [...] Il semblerait que personne n'ait encore osé déclarer aussi ouvertement ses intentions de faire du domaine de l'information un champ de bataille. [...] La France, en effet, s'est officiellement engagée dans la voie de la militarisation des médias sociaux. [...] Etant donné que certains experts considèrent déjà que les techniques de propagande à l'échelle mondiale sont comparables à des armes de destruction massive, si ce n'est en termes de puissance destructrice, du moins en termes de portée, les déclarations de Paris ne peuvent inspirer que de graves préoccupations».
Les géants du numérique [...] vont-ils prendre des mesures [...] pour empêcher les campagnes de désinformation et le ciblage de l'opinion publique ?
La porte-parole de la diplomatie russe a poursuivi en abordant la question des réseaux sociaux : «La ministre n'a pas précisé s'ils ont informé l'administration des géants de l'informatique qu'ils sont désormais le théâtre d'une guerre au regard de la pensée occidentale, qui valorise avant tout la liberté et le pluralisme [...] En attendant, il est très intéressant de voir comment les géants du numérique vont réagir à cette situation. Vont-ils prendre des mesures – y compris celles liées aux critères de modération – pour empêcher les campagnes de désinformation et le ciblage de l'opinion publique, explicitement prévus par la doctrine [française] ?»
Maria Zakharova a rappelé que, le 20 octobre dernier, la ministre française de la Défense Florence Parly avait déclaré lors d'une conférence à Paris que «le champ informationnel est un lieu de compétition stratégique». «La lutte informatique d'influence, cela désigne l'ensemble des opérations militaires conduites en appui de nos forces dans le champ informationnel, pour détecter, caractériser, contrer des attaques pour appuyer la communication stratégique associée à une opération», avait précisé Florence Parly lors de sa conférence de presse.
«Maintenant, lorsque Libération publiera une fois de plus des spéculations sur certaines "usines à trolls" ou lorsque les institutions du ministère français des Affaires étrangères et du ministère de la Défense affirmeront que les médias russes "manipulent les faits", nous conseillerons à nos collègues français de contacter les militaires français pour obtenir les cartes des "champs de mines informationnels"», a conclu la porte-parole russe.