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Suspendu temporairement par YouTube, un média britannique dénonce «une attaque contre la démocratie»

YouTube a supprimé la chaîne du média britannique Novara le 26 octobre avant de la remettre en ligne quelques heures plus tard. La suspension de la chaîne a suscité de nombreuses réactions au Royaume-Uni.

Nouveau cas de censure ou simple erreur ? La plateforme YouTube a supprimé la chaîne du média britannique Novara dans la matinée le 26 octobre avant de la remettre en ligne quelques heures plus tard. 

Fondé en 2011 par James Butler et Aaron Bastani, Novara – qui dispose également d'un site internet – a souvent suscité de vifs débats concernant sa position éditoriale très à gauche et son traitement favorable du parti travailliste et de son leader Jeremy Corbyn.

Les utilisateurs tentant d'accéder à la page de Novara se sont retrouvés devant un message informant que la chaîne avait été «supprimée en raison de graves et multiples violations de la politique de YouTube contre le spam, les pratiques et contenus trompeurs ainsi que d'autres violations des conditions d'utilisation». 

Dans un premier communiqué publié sur Twitter suivant la suspension, Novara avait déclaré que leur chaîne avait été «supprimée sans avertissement ni explication». «Nous jouons un rôle important de service public et publions régulièrement des entretiens avec des figures politiques, des militants des droits humains, des scientifiques et des militants du monde entier», ont-ils tenu à préciser.

«Félicitations aux défenseurs de la censure en ligne»

La suppression de la chaîne a suscité plusieurs réactions parmi la classe politique et médiatique britannique. Sur son compte Twitter, le député travailliste Richard Burgon a critiqué la décision du géant américain : «Que se passe-t-il sur YouTube ? Je pose cette question en tant que membre élu du Parlement britannique.»

Même tonalité du côté du journaliste Glenn Greenwald : «Félicitations aux défenseurs de la censure en ligne : c'est le système de répression et de silence arbitraire que vous avez créé !»

La mobilisation sur les réseaux sociaux a-t-elle poussé YouTube à revenir sur sa décision ? Peu après la vague d'indignation, le compte de la chaîne était de nouveau accessible. Dans un second communiqué publié après la remise en ligne de la chaîne, Novara Media a tenu à saluer «le déluge de soutien» ayant permis d'annuler la suspension. Pour le média britannique, la décision de YouTube de la suspendre pose un problème de démocratie. «Cela [la suspension] ne fait que souligner les inégalités criantes existant entre les créateurs de contenus et les plateformes de streaming, une situation préjudiciable pour une sphère publique saine et des médias libres», affirme-t-on dans le communiqué.

Cité par le site britannique Press Gazette, le journaliste Michael Walker – qui anime les émissions de la chaîne consacrées à l'actualité et à la politique – estime que la possibilité «qu'un géant américain de la technologie puisse nous supprimer sans avertissement ni explication est une menace pour la démocratie».

Ce n'est pas la première fois que YouTube suspend la chaîne d'un média britannique. En janvier dernier, la chaîne du média conservateur Talkradio avait été suspendue avant d'être restaurée 24 heures plus tard.