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Affaire Pegasus : rencontre de haut niveau entre la France et Israël, Paris demande «des garanties»

Une rencontre entre responsables israélien et français a eu lieu pour apaiser les tensions liées au logiciel espion Pegasus. Les autorités israéliennes proposeraient à Paris le même régime que celui appliqué aux Américains et aux Britanniques.

L'Elysée a fait savoir le 22 octobre qu'une rencontre franco-israélienne de haut niveau avait eu lieu à Paris. Il y a eu «une session utile du dialogue stratégique entre Emmanuel Bonne et le NSC, le conseiller national à la sécurité» israélien Eyal Hulata, a déclaré l'Elysée à l'AFP, confirmant des informations du média en ligne Axios. Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique de l'Elysée, est un proche collaborateur d'Emmanuel Macron.

«Nous demandons des garanties dans l'affaire NSO et y travaillons avec les Israéliens», a précisé l'Elysée dans le même temps. Selon Axios, Eyal Hulata est venu à Paris faire des propositions pour tenter d'apaiser les tensions entre les deux pays après les révélations du volet français de l'affaire du logiciel espion israélien Pegasus.

Les téléphones mobiles d'au moins cinq ministres français et un diplomate rattaché à l'Elysée avaient en effet été infectés par le logiciel espion, selon plusieurs sources proches du dossier contactées par l'AFP fin septembre.

Les téléphones auraient été compromis en 2019 et 2020 et présenté des marqueurs d'infection par le logiciel espion commercialisé par la société israélienne NSO lors de leur examen par les services de sécurité français.

Les téléphones américains et britanniques étaient déclarés intouchables... pas les français

Selon Axios, Eyal Hulata a proposé que les téléphones français soient à l'avenir déclarés intouchables par NSO dans ses négociations avec des clients potentiels, une interdiction dont bénéficient déjà les téléphones américains et britanniques.

Ni le bureau du Premier ministre israélien, ni NSO, n'ont fait de commentaires sur la rencontre entre Eyal Hulata et Emmanuel Bonne. Axios ne dit pas si la proposition israélienne a été acceptée, mais affirme que des officiels israéliens espèrent que la sortie de la crise provoquée par cette affaire est proche. Une enquête publiée à partir du 18 juillet par un consortium de 17 médias internationaux avait révélé que le logiciel Pegasus aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise de différents pays.

Plusieurs plaintes ont été déposées en France par des personnes se disant victimes du logiciel. Le Maroc, accusé d'y avoir eu recours, a démenti, parlant d'«allégations mensongères et infondées» et enclenchant plusieurs procédures judiciaires en France, en Espagne et en Allemagne. Le logiciel Pegasus permet, une fois installé dans un téléphone mobile, d'espionner l'utilisateur de l'appareil, accédant à ses messageries, ses données, ou activant l'appareil à distance à des fins de captation de son ou d'image.