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Beyrouth : six morts et 30 blessés lors d'échanges de tirs pendant une manifestation

Six personnes sont mortes et 30 ont été blessées, alors que se déroulait une manifestation de partisans du Hezbollah et du mouvement chiite Amal contre le juge Bitar, chargé de l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth. L'armée a été déployée.

Dans un secteur transformé en zone de guerre, six personnes ont été tuées et 30 autres blessées, ce 14 octobre, lors d'échanges de tirs au cours d'une manifestation à Beyrouth des mouvements chiites Hezbollah et Amal. Ils exigeaient le limogeage du juge chargé de l'enquête sur l'explosion près du port de la capitale survenue en août 2020, selon des déclarations d'un médecin à l'AFP.

Une des victimes a été tuée par un tir dans la tête et au moins trois des 30 blessés sont dans une situation critique, d'après Mariam Hassan, de l'hôpital Sahel, dans la banlieue sud de Beyrouth. 

Les chars de l'armée se sont déployés dans le secteur, en bouclant les accès au secteur de Tayouné, où les échanges de tirs nourris aux mitrailleuses et roquettes RPG ont duré plusieurs heures. Comme a pu le constater l'AFP, des ambulances affluaient pour prendre en charge les blessés dans les rues désertées, près du palais de justice où s'étaient rassemblés les manifestants.

L'armée a indiqué que les protestataires avaient été la cible de tirs dans le quartier de Tayouné alors qu'il étaient en route pour protester devant le palais de justice, tout proche. Et le ministre de l'Intérieur Bassam Mawlawi a affirmé que «des francs-tireurs» étaient à l'origine des coups de feu.

Les tirs ont éclaté peu après le classement sans suite par la justice libanaise d'une nouvelle plainte contre le magistrat Tarek Bitar, déposée par deux ex-responsables gouvernementaux, dont l'un, l'ancien ministre chiite des Finances Ali Hassan Khalil, est la cible d'un mandat d'arrêt. L'enquête sur l'explosion qui a fait plus de 200 morts et qui avait été suspendue en début de semaine à la suite de cette plainte, devrait donc pouvoir reprendre.

Le Premier ministre appelle au calme

Comme le rappelle Reuters, Ali Hassan Khalil est un proche du président du Parlement, le chiite Nabih Berri, dont le mouvement Amal est allié au Hezbollah. Le «Parti de Dieu» dirigé par Hassan Nasrallah a orchestré une campagne de dénigrement contre Tarek Bitar en l'accusant d'être politisé et de faire preuve de partialité. Il avait appelé ses partisans à manifester ce 14 octobre à Beyrouth pour réclamer la démission du juge, comme ses alliés d'Amal.

Les échanges de coups de feu ont retenti alors que le cortège passait dans le quartier de Tayouneh, situé entre la banlieue chiite au sud de la ville et le palais de justice où devait se terminer le rassemblement, et près de la ligne de front de la guerre civile libanaise de 1975 à 1990. 

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lancé un appel au calme après les violences. Dans un communiqué cité par Reuters, le chef du gouvernement a affirmé suivre les événements de près avec le chef d'état-major de l'armée pour envisager des mesures à prendre pour contrôler la situation.