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Législatives en République tchèque : défaite du Premier ministre Andrej Babis face au centre-droit

L'alliance tchèque de centre-droit Ensemble a remporté de justesse les élections législatives face au Premier ministre Andrej Babis, selon des résultats quasi définitifs qui ont créé la surprise.

Défaite électorale en République tchèque pour le Premier ministre populiste Andrej Babis face à une coalition du centre-droit. Les résultats partiels publiés le 9 octobre par le site officiel électoral le donnaient pourtant confortablement en tête, conformément aux sondages, mais l'écart a fondu et le résultat a basculé au fur et à mesure que les bulletins de vote des grandes villes étaient décomptés.

Après le dépouillement de plus de 99,9% des votes, l'alliance Ensemble regroupant le Parti démocratique civique de droite, TOP 09 (centre-droit) et l'Union chrétienne démocrate (centre) a obtenu 27,78% des voix, lui assurant 71 sièges. 

Elle devance le mouvement ANO d'Andrej Babis qui a recueilli 27,14% et obtiendrait 72 sièges. 

Ensemble, dont le chef de file s'est positionné immédiatement pour former le prochain gouvernement, disposerait d'une majorité de 108 sièges au Parlement (qui compte 200 élus) s'il forme une coalition plus large avec le Parti pirate antisystème et le mouvement centriste des Maires et indépendants (STAN).

Un quatrième parti siègera au Parlement, le mouvement de droite radicale et antimusulman Liberté et démocratie directe (SPD), dirigé par l'homme d'affaires Tomio Okamura, né à Tokyo, qui a obtenu près de 10% des voix et devrait pouvoir compter sur 20 élus.

Les communistes absents du Parlement pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale

Le taux de participation a atteint plus de 65%, contre 60,84% lors des précédentes élections législatives en 2017. Andrej Babis, 67 ans, a fait fortune dans l'agroalimentaire, la chimie et les médias. L'enquête internationale Pandora Papers a révélé qu'il avait utilisé des fonds transitant par des sociétés offshore pour financer l'achat de propriétés dans le sud de la France en 2009, dont un château. Andrej Babis a rejeté toutes ces allégations, criant à la diffamation. Il préside actuellement un gouvernement minoritaire avec les sociaux-démocrates, tacitement soutenu par le Parti communiste qui avait dirigé l'ancienne Tchécoslovaquie de 1948 à 1989.

Avec un score de 3,6%, les communistes n'ont pas franchi la barre des 5% et seront exclus du Parlement pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Constitutionnellement, c'est au président Milos Zeman qu'il revient de désigner le nouveau Premier ministre. Avant le scrutin, il avait laissé entendre qu'il choisirait Andrej Babis, son ancien allié. «Nous verrons ce que le président dira», a déclaré Andrej Babis. «Je suis un manager, ma place est au gouvernement», a-t-il insisté devant les journalistes.

Mais le président de l'alliance Ensemble, Petr Fiala, a de son côté déclaré, sous les ovations, que son mandat pour former le prochain gouvernement était «fort», ajoutant : «Monsieur le président devra en tenir compte.»