Pas de chefs d'Etat, mais de jeunes entrepreneurs, des artistes, des sportifs : la France accueille le 8 octobre à Montpellier (Hérault) un sommet au format inédit pour tenter une sempiternelle «refondation» de sa relation avec l'Afrique. En toile de fond, un contexte de crise avec les dirigeants de ses anciennes colonies comme le Mali ou l'Algérie.
A Abidjan (Côte d'Ivoire), notre reporter Lilaafa Amouzou est allée à la rencontre de jeunes Africains pour recueillir leurs avis sur ce sommet France-Afrique. «Un énième sommet», «une opération de communication», «de la pure cosmétique» : les jeunes interrogés déplorent, dans leur majorité que l'avenir politique, économique et même militaire du continent semble toujours se discuter en France.
«Les problèmes des Africains doivent se régler par les Africains. La France ne pourra jamais régler les problèmes des Africains [...] la France ne viendra que pour ses intérêts», déclare un jeune homme.
Un autre se demande si les Africains sont déjà en mesure de faire les choses par eux-mêmes et invite à être «réalistes». «J'aimerais qu'on soit autonomes à 100% mais pour le moment, je constate que ce n'est peut-être pas encore le cas», déplore-t-il. «Quand il s'agit de certains litiges politiques, ils [la France] sont toujours présents», note un autre jeune homme. Une jeune fille plaide pour que l'Afrique ait sa propre orientation politique. «Il serait bon que l'Afrique crée quelque chose de nouveau qui n'appartienne qu'à elle au niveau politique, qu'elle ait une vision politique typiquement africaine ou typiquement ivoirienne».
«Ecouter la parole de la jeunesse africaine»
Plus de 3 000 participants, dont plus d'un millier de jeunes du continent africains, sont attendus le 8 octobre à Montpellier pour la rencontre entre sociétés civiles africaine, française et de la diaspora, sur des sujets économiques, culturels et politiques, organisés en tables rondes.
Quatre ans après le discours de Ouagadougou du président français Emmanuel Macron, il s'agit «d'écouter la parole de la jeunesse africaine» et de «sortir des formules et réseaux obsolètes», souligne l'Elysée, en vantant le format «inédit» de l'événement. Sont en effet exclus les chefs d'Etat africains, pour la première fois dans l'histoire des sommets Afrique-France, ces grand-messes qui ponctuent depuis 1973 la relation tourmentée entre le continent et l'ex-puissance coloniale.
Le président français, lui, sera bien présent et dialoguera en session plénière le 8 octobre après-midi avec des jeunes de douze pays africains, dont le Mali, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, la Tunisie, l'Afrique du Sud, le Kenya...
Interventions militaires françaises, souveraineté, gouvernance, démocratie, «les sujets qui fâchent seront sur la table», assure l'Elysée, en reconnaissant que «le contexte politique actuel rend la discussion particulièrement sensible». Au Sahel, où elle intervient militairement depuis 2013 contre les groupes terroristes, la France voit son influence contestée, notamment par la Russie, et les relations françaises avec le Mali sont tendues depuis plusieurs mois. En Afrique du Nord, la relation toujours passionnelle avec l'Algérie est de nouveau secouée après des propos du président Macron jugés «insultants» par Alger et des réductions annoncées de visas annoncées par Paris.