Le cours du gaz naturel flambe atteignant de nouveaux records historiques sur les marchés européens. En cause, la forte demande à l'approche de l'hiver, notamment en Asie, mais aussi de l'offre contrainte et des stocks mondiaux déprimés.
Le cours européen de référence, le TTF (Title Transfer Facility) a grimpé de 16,36% à 135,00 euros le mégawattheure (MWh) vers 10h10 GMT, ce 6 octobre. Le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain bondissait de son côté de 18,15% à 347,27 pence par thermie (unité de quantité de chaleur). Les deux marchés ont temporairement engrangé des gains supérieurs à 25% et atteint respectivement 162,12 euros et 407,82 pence peu avant 8h30 GMT, un record.
«La flambée actuelle des prix de l'énergie en Europe est vraiment unique», ont réagi les analystes de la Société Générale. Interrogé par l'AFP, l'analyste de Commerzbank Carsten Fritsch y voit un «mouvement de panique et de peur» face à des stocks bas à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère nord. La plupart des observateurs mettent également en exergue la demande asiatique, notamment chinoise.
Les contraintes environnementales qui limitent l'exploitation du charbon ont entraîné de grave pénuries d'énergies. Résultat, certaines usines fonctionnent au ralenti et cela se répercute sur une demande soudaine de gaz au pire moment pour l'Europe, qui s'apprête à rentrer dans l'hiver. Les analystes de la banque ING y ajoutent un ensemble de facteurs composés «de prix élevés de l'électricité, d'une offre limitée en provenance de Russie et la possibilité d'un hiver plus froid». Selon les experts du cabinet de conseil Capital Economics, les prix «resteront probablement élevés par rapport aux normes passées» à moyen terme.
Pour Moscou, la crise du gaz n'a «rien à voir» avec la Russie
La crise énergétique en Europe n'a «rien à voir» avec la Russie, a déclaré le 6 octobre le Kremlin, certains jugeant que Moscou entretient la flambée des tarifs.
«Nous insistons sur le fait que la Russie n'a et ne peut avoir aucun rôle dans ce qu'il se passe sur le marché du gaz en Europe», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans sa conférence de presse téléphonique quotidienne. «La Russie a rempli, remplit et continuera de remplir de la manière la plus responsable toutes ses obligations en vertu des contrats existants», a-t-il ajouté, listant la reprise économique, les stocks de gaz bas et la baisse de la production d'énergie éolienne en Europe comme facteurs de la hausse des prix.
Dmitri Peskov a encore fait savoir que «le marché au comptant n'a pas pu combler le manque existant», en référence au marché des ventes d'appoint utilisé pour compléter les contrats à long terme. «La Russie a déclaré à plusieurs reprises qu'elle était prête à parler de nouveaux contrats à long terme», a-t-il ajouté.
Pour le président russe Vladimir Poutine, ce sont au contraire «les erreurs des Européens qui sont à l'origine de la crise des prix du gaz». «En conséquence, le prix du gaz a désormais battu tous les records historiques: aujourd'hui, il approche les 2 000 dollars par mille mètres cubes, soit plus de dix fois plus que le prix moyen de l'année dernière», a ajouté le président russe lors d'une réunion avec les responsables du secteur énergétique russe.