Des sources du renseignement américain confirment les projets d'enlever et d'assassiner Assange

Des sources du renseignement américain confirment les projets d'enlever et d'assassiner Assange© Matt Dunham Source: AP
Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange s'adresse aux médias après son audience d'extradition à Belmarsh Magistrates Court à Londres, le 24 février 2011.
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L'hypothèse avait déjà été avancée par la défense du fondateur de WikiLeaks, mais elle est désormais accréditée par plusieurs sources du renseignement étasunien : la CIA aurait envisagé d'enlever et d'assassiner le journaliste.

La vie d'Assange ressemble à un film d'espionnage. Sauf que dans son cas, on ne joue pas.

Une enquête publiée sur Yahoo News, le 26 septembre, et signée par les journaliste Zach Dorfman, Sean D. Naylor et Michael Isikoff, vient confirmer la thèse avancée par les soutiens de Julian Assange d'une éventuelle opération menée par la CIA. Objectif : kidnapper et même assassiner le journaliste, alors qu'il était réfugié à l'ambassade d'Equateur.

«Arrêtez ce que vous êtes en train de faire et lisez ceci. La CIA a élaboré des plans pour tuer ou kidnapper un journaliste dont ils n'aimaient pas le travail – avant de l'accuser d'un crime. L'affaire contre Julian Assange doit être abandonnée et condamnée», a résumé le lanceur d'alerte Edward Snowden.

Des discussions sur l'enlèvement ou le meurtre d'Assange «au plus haut niveau»

Plusieurs sources du renseignement étasunien interrogées par ces journalistes d'investigation confirment qu'en 2017, alors que Julian Assange commençait sa cinquième année enfermé à l'ambassade d'Equateur à Londres, la CIA aurait fomenter un projet pour enlever le fondateur de WikiLeaks, «suscitant un débat houleux parmi les responsables de l'administration Trump sur la légalité et la faisabilité d'une telle opération».

«Certains hauts responsables de la CIA et de l'administration Trump ont même discuté du meurtre d'Assange, allant jusqu'à demander des "ébauches" ou des "options" sur la façon de l'assassiner», annonce d'emblée l'article. «Des discussions sur l'enlèvement ou le meurtre d'Assange ont eu lieu "au plus haut niveau" de l'administration Trump», ajoute l'un des anciens hauts responsables du contre-espionnage interrogé par Yahoo News. «Il ne semblait pas y avoir de limites», précise-t-il.

En particulier, le lien établi par le renseignement américain entre les actions de Julian Assange et la Russie, malgré l'absence de preuves, aurait précipité la volonté de Washington de mettre le journaliste hors d'état de nuire.

Alors que les discussions se poursuivaient sur le genre de sort à réserver au lanceur d'alerte australien, la CIA et la Maison Blanche, soupçonnant un projet d'évasion d'Assange pour la Russie, auraient développé plusieurs plans. Parmi les options envisagées : une altercation potentielle avec des agents du Kremlin dans les rues de Londres, lancer une voiture contre un véhicule diplomatique russe transportant Assange afin de le récupérer, ou encore crever les pneus d'un avion russe transportant Assange avant qu'il ne puisse éventuellement décoller pour Moscou.

Aucune de ces pistes ne verra finalement le jour, sans autant mettre fin au débat agitant l'administration Trump.

Des pistes abandonnées au profit d'une «approche basée sur les tribunaux»

Si l'article précise que rien n'indique que les mesures les plus extrêmes «aient jamais été approuvées» par la Maison Blanche, quatre ex-responsables assurent que Mike Pompeo, ancien patron de la CIA (2017-2018), devenu par la suite secrétaire d'Etat de Donald Trump (2018-2021), a débattu du projet de kidnapping lors de réunions entre de hauts responsables de l'administration présidentielle. Si Mike Pompeo est connu pour être ouvertement opposé à Julian Assange, les journalistes de Yahoo précisent toutefois que le scénario de l'enlèvement «précédait l'arrivée de Pompeo à [la tête de la CIA]».

Quant au projet d'assassinat du journaliste, il a été confirmé par trois anciens responsables du renseignement. Si cette option ne faisait pas consensus au sein de la communauté du renseignement, des «ébauches» de plans allant dans ce sens auraient été communiqués à des employés.

Reste à savoir si Donald Trump a lui-même évoqué la possibilité d'un meurtre (ce qu'affirme l'une des sources de Yahoo News) : l'ancien président dément fermement. «C'est totalement faux, ça n'est jamais arrivé», a-t-il commenté dans un communiqué au média américain, ajoutant au sujet de Julian Assange : «En fait je trouve qu'il a été très mal traité.»

Quoi qu'il en soit, ce projet n'aurait pas été à terme, comme le résume Yahoo : «Finalement, les membres de l'administration plaidant pour une approche basée sur les tribunaux plutôt que sur l'espionnage et l'action secrète ont gagné le débat.»

Echo au témoignage d'un ancien d'UC Global

Les éléments dévoilés par Yahoo News ne sont une révélation mais plutôt une confirmation puisqu'un ancien employé d'UC Global, société de sécurité espagnole accusée d'avoir espionné Julian Assange pendant plusieurs années pour le compte des Etats- Unis, avait relayé des faits similaires il y a plusieurs mois, comme le rapportait à l'époque RT France.

Témoignant devant la Cour centrale de la Couronne britannique, Old Bailey, lors du procès sur l'extradition de Julian Assange, il avait en effet exposé le projet de Washington en 2017 d'empoisonner le fondateur de WikiLeaks. Le plan consistait selon lui à laisser «une porte [de l'ambassade d'Equateur] ouverte pour permettre à des personnes d'entrer de l'extérieur afin de kidnapper [Julian Assange], et même de l'empoisonner».

La société UC Global a été au centre d'une série de révélations explosives quant à l'espionnage du journaliste, entre 2015 et 2018, pour le compte des Etats-Unis. Micros cachés, retransmissions en direct, poubelles passées au crible ou encore prélèvements de données personnelles sur les personnes visitant le ressortissant australien à l'ambassade : les techniques utilisées par la société espagnole ont été pour la plupart exposées lors du procès.

Julian Assange est incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh (Londres) depuis le 11 avril 2019, date de son arrestation à l'ambassade d'Equateur où il avait trouvé refuge durant sept ans. «Il ne purge aucune peine, il est là-bas indéfiniment», avait récemment souligné sa compagne Stella Moris à la faveur d'un discours à la Fête de l'Humanité, couvert par RT France.

Si le fondateur de WikiLeaks a été condamné à purger 50 semaines de prison à sa sortie de l'ambassade, il est en effet actuellement en détention provisoire en attendant l'issue de la procédure d'extradition à son encontre. La justice britannique a refusé à plusieurs reprises sa libération conditionnelle. 

Julian Assange – soutenu par pléthore d'organisations de défense de la liberté de la presse et d'ONG de défense des droits de l'Homme – risque aux Etats-Unis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan, impliquant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Ses soutiens invitent les Etats-Unis à poursuivre les «criminels de guerre» plutôt que le journaliste qui a révélé leurs méfaits.

Meriem Laribi

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