Les résultats définitifs de l'élection législative russe, rapportés ce 24 septembre par la Commission électorale centrale de la Fédération, confirment la très large victoire du parti présidentiel, malgré un léger recul : avec 324 sièges à la Douma, contre 343 auparavant, Russie unie conserve la majorité absolue à la chambre basse du Parlement.
Le parti communiste russe préserve lui sa place de premier parti de l'opposition à l'Assemblée, avec 57 députés (contre 42 jusqu'alors). Il est suivi par Russie juste, formation se revendiquant de la social-démocratie qui bénéficie de 27 sièges (contre 23 avant), puis par les nationalistes du Parti libéral-démocrate de Russie (21 élus, contre 39 avant). Viennent ensuite Nouveau peuple (13), Plateforme civique (1), Rodina («Patrie», 1) et le Parti de la croissance (1). En outre, 5 députés sans étiquette ont été élus.
Des députés au pouvoir renforcé
Il s'agissait des premières législatives depuis l'adoption de la réforme constitutionnelle de 2020, conférant davantage de pouvoir aux députés. Comme le résumait pour RT France Karine Béchet-Golovko, docteur en droit public et animatrice du site d'analyse Russie Politics, en amont du scrutin, la réforme en question a permis «un rééquilibrage, dans le sens du contrôle, du rapport de force entre les législateurs et l'exécutif».
Le contrôle parlementaire se voit notamment renforcé via une série d'actions en justice que la Douma peut dorénavant entreprendre pour remanier différents aspects de la gouvernance du pays, comme les finances.
Autre caractéristique de ce scrutin : le vote s'est déroulé sur trois jours, du 17 au 19 septembre, afin de désengorger les bureaux de vote en temps de pandémie de Covid-19. De plus, les électeurs pouvaient voter électroniquement dans certaines régions, comme cela avait été le cas pour la consultation populaire de 2020 sur la réforme constitutionnelle.
«En période de pandémie, le vote sur trois jours s'est montré justifié», a jugé ce 24 septembre la présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova. «Environ 2 700 000 électeurs ont décidé de voter à distance. Cela concerne seulement sept entités constitutives de la Fédération de Russie», a-t-elle également précisé au sujet du vote en ligne.
Pas d'infractions, selon la Commission électorale
Des membres de l'opposition, dont l'activiste Alexeï Navalny mais aussi des députés communistes, avaient dénoncé des fraudes présumées à l'issue de ce scrutin, évoquant selon l'AFP des bourrages d'urnes, de la manipulation du vote en ligne ou encore l'exclusion d'observateurs du dépouillement. A Moscou, d'après l'agence de presse française, l'opposition a affirmé que les résultats du vote en ligne avaient été falsifiés afin de permettre d'inverser la tendance défavorable à Russie Unie observée au moment du décompte des votes papier.
Ces accusations ont été officiellement balayées par la présidente de la Commission électorale : «Je voudrais répéter encore une fois brièvement qu’à la fois au niveau de Moscou et au niveau fédéral, un groupe technique a travaillé, composé des meilleurs spécialistes dans le domaine IT, de la catégorie la plus élevée [...] il s’agit d’un travail commun qui a permis de dire qu’il n’y a pas eu d’infractions», a en effet déclaré Ella Pamfilova ce 24 septembre.
Au dernier jour du scrutin, le 19 septembre, Ella Pamfilova s'était félicitée de la transparence de l'élection, rappelant que son instance recommandait aux commissions locales de reconnaître «comme nuls» les bulletins qui feraient l'objet du «moindre doute».
Ingérences étrangères dans le processus électoral
Par ailleurs, le 19 septembre également, la présidente de la Commission électorale avait fait état de «graves attaques» contre les infrastructures électorales, qu'elle avait qualifiées de «sans précédent». Elle s'était félicitée que ces ingérences aient été «inefficaces» et avait souligné que le système électoral avait été rendu «invulnérable face aux cyberguerres [et] aux cyberattaques».
Le lendemain, soit le 20 septembre, l'ambassade russe aux Etats-Unis rapportait qu'un «nombre sans précédent de cyberattaques» avait été enregistré par la Commission électorale, dont 50% «menées précisément depuis le territoire des Etats-Unis». Partant, la mission diplomatique russe avait demandé des explications à Washington – sans obtenir de réponse à ce jour.