Shamima Begum, la jeune femme qui avait rejoint Daesh en Syrie et a été déchue de sa nationalité britannique, a supplié ce 15 septembre le Royaume-Uni de la laisser rentrer, assurant n'avoir commis aucun crime sauf celui de s'être montrée «stupide».
Alors âgée de 15 ans, Shamima Begum avait quitté en 2015 avec deux amies le Royaume-Uni, où elle est née et a grandi, pour la Syrie. Sur place, elle a épousé un djihadiste d'origine néerlandaise, de huit ans son aîné.
Elle veut revenir dans son pays pour demander à récupérer sa nationalité britannique dont elle avait été déchue en 2019 pour des raisons de sécurité nationale, dans un pays marqué par une série d'attentats en 2017 revendiqués par Daesh.
«Je suis prête à aller devant la justice, à me confronter aux personnes qui ont fait ces allégations et à les réfuter, car je sais que je n'ai rien fait dans l'[organisation] Etat islamique à part être une mère et une épouse», a déclaré la jeune femme aujourd'hui âgée de 22 ans sur la chaîne ITV.
La jeune femme interpelle Boris Johnson
Après avoir fui les combats dans l'est de la Syrie, Shamima Begum s'était retrouvée en février 2019 dans un camp de réfugiés syriens où elle a accouché d'un bébé, décédé quelques semaines après sa naissance. Ses deux premiers enfants, nés lorsqu'elle se trouvait en Syrie, sont morts eux aussi.
Je pense que je pourrais beaucoup vous aider dans votre lutte contre le terrorisme
Shamima Begum, en débardeur et ne portant pas de voile, ses cheveux tombant sur les épaules lors de l'interview, a déclaré qu'elle «préférait mourir que de retourner chez Daesh» et a ajouté : «Le seul crime que j'ai commis était d'avoir été assez stupide pour rejoindre Daesh».
«La raison pour laquelle je suis venue [...] en Syrie, ce n'était pas pour devenir terroriste... c'est parce qu'on m'a dit que c'était la bonne chose à faire en tant que musulmane, je ne voulais pas faire de mal à qui que ce soit», résume-t-elle devant les caméras. A la question d'une journaliste qui lui demande pourquoi elle a tout quitté, y compris sa famille, elle tente une explication sur son endoctrinement : «Je pensais juste que je rejoignais une communauté islamique, à l'époque je commençais à m'investir dans la religion et des personnes, internet, m'ont répété que je devais partir car je ne pouvais pas vivre ma foi musulmane au Royaume-Uni, et que ma famille ne ferait que me tirer vers le bas.»
S'adressant directement au Premier ministre Boris Johnson, elle lui a déclaré : «Je pense que je pourrais beaucoup vous aider dans votre lutte contre le terrorisme parce que vous ne savez clairement pas ce que vous faites.»
En février 2019, Shamima Begum s'était exprimée auprès de médias britanniques vêtue d'un voile noir tombant jusqu'aux pieds. Ses propos sans fard – elle avait notamment qualifié l'attentat de Manchester, qui avait fait 22 morts en mai 2017, de «représailles» aux frappes de la coalition occidentale contre Daesh – et son absence de regrets avaient choqué l'opinion publique. Elle a déclaré qu'elle n'était «pas au courant de l'attaque de Manchester quand on lui a posé la question».
La Cour suprême britannique avait refusé en février 2021 son retour au Royaume-Uni, estimant que tant que Shamima Begum serait considérée comme représentant un danger, elle ne pourrait pas rentrer sur le territoire britannique pour contester sa déchéance de nationalité.
Londres avait invoqué la possibilité pour la jeune femme de demander la nationalité du pays d'origine de ses parents, le Bangladesh. Mais Dacca avait rétorqué qu'elle n'avait jamais demandé la nationalité et a refusé de l'accueillir.