Le projet d'une force de 5 000 militaires a été discuté le 2 septembre par les ministres de la Défense de l'Union européenne (UE) lors d'une réunion en Slovénie. Il ne fait pour autant pas l'unanimité, a reconnu le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
«Pour moi, il y a deux obstacles quasi-insurmontables. Le premier est le processus de décision, le second ce sont les capacités», a déclaré à l'AFP Arnaud Danjean, vice-président du groupe PPE (Parti populaire européen, droite pro-européenne) et ancien militaire, à propos d'une force capable d'opérations comme la sécurisation d'un aéroport pour des évacuations d'une zone de conflit.
S'il affirme que cette force européenne est une «ambition légitime», sur Twitter, il souligne les difficultés auxquelles elle fait face : «Rappelons qu’aujourd'hui il est impossible aux 27 Etats de l’UE de s’accorder sur le moindre mandat robuste exécutif (c’est-à-dire pouvant comporter des dispositions de recours à la force) pour les opérations déployées sous bannière UE (Mali, RCA [Centrafrique], Somalie…). C’est ça la réalité !» «C’est assez illusoire de laisser penser que c’est réalisable dans un futur proche», a-t-il ajouté sur Twitter.
Pour le général de brigade et expert en géostratégie, François Chauvancy, interrogé par RT France, cette force européenne est «peu réalisable». Selon lui, «L'Union européenne n'a jamais été capable de se mettre d'accord sur une intervention militaire quelle qu'elle soit.»
L'eurodéputée macroniste et présidente de la sous-commission sécurité et défense (SEDE) au Parlement européen, Nathalie Loiseau, estime qu'après «la crise afghane», ce projet de «défense n'est plus un luxe, c'est une urgente obligation».
Toutefois, Nathalie Loiseau propose au Royaume-Uni brexiteur de s'allier avec l'UE dans ce projet-là : «Parmi les leçons du repli américain, il y en a une qui peut surprendre mais qui doit être tentée : rapprocher le Royaume-Uni et l'Union européenne en matière de défense et de politique étrangère.»
L'avocat proche du Parti socialiste puis d'Emmanuel Macron, Jean-Pierre Mignard, estime que la proposition de Nathalie Loiseau «signifie que ce n’est plus dans l’UE que la défense de l’Europe se fait. Et que c’est une évidence».
L'UE est divisée depuis des années sur le rôle qu'elle devrait jouer en matière de défense, notamment en raison des fortes réticences des pays de l'Est, très attachés au parapluie de l'OTAN. Les discussions ont été relancées après la sortie du Royaume-Uni, fermement opposé à la perspective d'une armée européenne. En 2018, le président français Emmanuel Macron avait déjà proposé la création d'une «vraie armée européenne».