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Un député polonais coursé par la police en voulant aider des migrants à la frontière biélorusse

Franek Sterczewski, élu polonais d'une coalition de gauche, a été interpellé par les forces de l'ordre alors qu'il tentait de donner un sac de vivres et de médicaments à un groupe de migrants bloqués à la frontière avec la Biélorussie.

Le député polonais Franek Sterczewski a été interpellé par la police de son pays le 24 août dans des circonstances étonnantes : après avoir passé un cordon de sécurité pour transmettre un sac de nourritures et de médicaments à des migrants bloqués à la frontière avec la Biélorussie, l'élu de la Coalition civique (gauche) s'est enfui en courant avant d'être arrêté par plusieurs agents.

«Je suis bien vivant. Bientôt, j'écrirai davantage sur ce qui s'est passé là-bas et à quoi ressemble la méchanceté de ce pays face à la souffrance d'innocents», a par la suite expliqué le député sur Twitter, assurant que «c'est le gouvernement qui enfreint le droit international».

Une trentaine de migrants, probablement des Afghans selon l'AFP, stationnent depuis trois semaines dans un campement de fortune situé à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, cette dernière refusant de les laisser entrer sur son territoire. Ils sont surveillés de près par les garde-frontières biélorusses et par les forces de l'ordre polonaises.

Pressé par le HCR et la CEDH, le gouvernement polonais reste inflexible

Le jour de l'action du député, une personne appartenant à ce groupe de migrants était «sur le point de mourir», avait alerté une fondation polonaise sur place, appelant le gouvernement à l'aide. Les activistes, qui se voient refuser un accès direct aux migrants, communiquent avec eux via des pancartes et des mégaphones, souvent brouillés par la police. Ils se plaignent de ne pas pouvoir leur fournir ni vivres ni équipements nécessaires pour tenir par un temps toujours plus froid et pluvieux.

Le gouvernement polonais maintient que les migrants se trouvent du côté biélorusse de la frontière, que la Biélorussie est la seule responsable de cette situation, et assure qu'un convoi humanitaire dépêché par la Pologne sur un poste frontalier n'a pas été accepté par Minsk. La Pologne déclare qu'elle n'autorisera pas les migrants à entrer sur son territoire ce qui, selon le Premier ministre Mateusz Morawiecki, serait céder au «chantage» du président biélorusse Alexandre Loukachenko.

Le 24 août, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'était dit «préoccupé par les informations alarmantes» concernant ces personnes et a appelé les autorités polonaises à leur «accorder l'accès au territoire [polonais], une assistance médicale immédiate, une aide juridique et un soutien psychologique».

Ce qui n'a pas modifié la position polonaise, au contraire : Mateusz Morawiecki a décliné le 26 août la demande de la Cour européenne des droits de l'Homme de fournir de l'aide à ces migrants, alors que l'instance avait exigé la veille que les autorités polonaises et lettones «fournissent à tous les demandeurs de la nourriture, de l'eau, des vêtements, des soins médicaux adéquats et si possible, des abris temporaires».

Et depuis le 27 août, l'armée polonaise a commencé à ériger une clôture en barbelés le long de la frontière avec la Biélorussie, pour empêcher les migrants de pénétrer sur le territoire de l'UE. Haute de 2,5 mètres, elle doit s'étendre sur 180 kilomètres, soit près de la moitié de la longueur totale de la frontière boisée entre les deux pays.