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Devant la CPI, le Venezuela présente ses preuves des dommages provoqués par les sanctions

Le Venezuela a présenté un nouveau rapport auprès de la Cour pénale internationale afin de dénoncer l'impact des sanctions appliquées par Washington à son encontre. Le but : que la CPI ouvre une enquête pour «crimes contre l'humanité».

La vice-présidente du Venezuela a annoncé le 24 août avoir présenté une série de «preuves», devant la Cour pénale internationale (CPI), dans le cadre d'un second rapport visant à démontrer l'impact des sanctions économiques imposées à son pays par les Etats-Unis. Un premier rapport avait déjà été déposé en février 2020.

Il existe des motifs raisonnables d'affirmer que des crimes contre l'humanité ont été commis contre le peuple vénézuélien

«Hier, le Venezuela a remis au bureau du procureur de la Cour pénale internationale un rapport contenant des preuves des dommages causés par les mesures coercitives unilatérales contre le peuple vénézuélien», a déclaré Delcy Rodriguez lors d'une conférence de presse. «C'est un processus qui a commencé en février 2020, nous avons achevé ce cycle pour démontrer qu'il existe des motifs raisonnables d'affirmer que des crimes contre l'humanité ont été commis contre le peuple vénézuélien», a-t-elle ajouté.

Accompagnée du nouveau ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Felix Plasencia, et du représentant de l'Etat aux droits de l'Homme, Larry Devoe, la vice-présidente a évoqué une série de cas dans lesquels des entreprises gouvernementales ont rencontré des difficultés à acheter du matériel, des vaccins ou de la nourriture. Elle a insisté sur le fait que les sanctions économiques imposées contre son pays ont nui à tous les secteurs de l'économie soulignant que le gouvernement des Etats-Unis ne se soucie pas de leur impact sur la population vénézuélienne.

«Blocus et dépossession»

Delcy Rodriguez a souligné que deux lois et sept décrets étasuniens régissent toutes les sanctions contre le Venezuela.  Les sept décrets exécutifs prononcés sous la présidence de Donald Trump ont produit, selon elle, «le blocus de l'industrie pétrolière, une chute drastique et sévère des recettes en devises du pays, la dépossession de plus de 31 tonnes d'or vénézuélien en Angleterre et le blocus de plus de 7 milliards de dollars dans les banques à l'étranger». Par ailleurs, «192 personnes, 150 entreprises dont 10 de l'Etat et 140 du secteur privé, 69 bateaux, 30 pétroliers et 58 avions ont été sanctionnés», rapporte-t-elle.

Selon Delcy Rodriguez, la chute du produit intérieur brut (PIB) par habitant du Venezuela a commencé à s'amorcer en 2017 en raison des politiques de «pression maximale» contre son pays. Selon le portail allemand de statistiques Statista, une baisse du PIB par habitant avait déjà commencé en 2016 passant de 10 568 dollars à 9 092 dollars, mais son taux s'est effectivement écroulé à partir de l'année suivante 2017 (4 717 dollars) jusqu'à atteindre 2 342 dollars en 2021.

Impact sur le secteur de la santé

Delcy Rodriguez a également insisté sur les conséquences des sanctions en matière de santé.

La moitié des transnationales pharmaceutiques présentes dans le pays, soit 15 filiales selon elle, sont parties en 2016, en raison des sanctions. Elle a également dénoncé l'influence de ces mesures sur l'accès aux vaccins contre le Covid-19, montrant des lettres échangées avec la banque portugaise Novo Banco dans lesquelles le Venezuela demandait l'utilisation de ses ressources pour payer l'Organisation panaméricaine de la santé afin d'obtenir des vaccins pour la population mais la banque a répondu que ces ressources étaient gelées.

La vice-présidente du Venezuela a enfin insisté sur la façon dont les sanctions ont affecté, selon elle, l'acquisition de nourriture, de matières premières et de protéines pour le programme d'alimentation du Comité local d'approvisionnement productif (CLAP) dont bénéficie une grande partie de la population vénézuélienne, sept millions de familles selon le gouvernement.

Le Venezuela a dénoncé les Etats-Unis à la CPI en février 2020 pour les sanctions contre son économie et a exigé que le procureur de l'époque, Fatou Bensouda, ouvre une enquête contre Washington pour «crimes contre l'humanité».