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Pass sanitaire : la Suisse bientôt sur le modèle français ?

L'extension du pass sanitaire à d'autres activités est une idée qui semble faire son chemin du côté de la Confédération helvétique. Si la plupart des partis politiques y sont favorables, l'UDC ou encore l'hôtellerie s'y montrent rétives.

Le Conseil fédéral helvétique a proposé le 25 août l'extension du pass sanitaire à d'autres activités : restaurants, spectacles, cinémas, sports, soit toutes les activités en intérieur. Cantons et partenaires sociaux seront largement consultés jusqu'au 30 août. Il était jusque là exigé pour accéder aux manifestations de plus de 1 000 personnes et aux espaces restreints, comme les boîtes de nuit.

Cette proposition du Conseil fédéral helvétique survient alors que la Suisse a passé un nouveau contrat avec Pfizer prévoyant une livraison annuelle de 7 millions de doses de vaccin en 2022 et en 2023.

Plusieurs partis politiques ont affiché leur soutien à cette proposition : le Parti Libéral-Radical (PLR), le Centre, le Parti Socialiste (PS), les Verts et le Parti Vert'Libéral (PVL). Ils jugent que le pass sanitaire serait un moindre mal pour empêcher la prise de mesures plus liberticides dans le cas où la situation épidémique se dégraderait, d'autant que les hôpitaux commencent à être saturés. Le pays enregistre 60 nouvelles hospitalisations par jour a d'ailleurs rappelé Alain Berset, conseiller fédéral et ancien président de la Confédération suisse. Il a également rappelé que la part de personnes vaccinées est plus faible en Suisse que parmi les pays voisins. 56% des personnes sur l’ensemble de la population auraient reçu deux doses de vaccin.

La question de la gratuité du test est en réalité la seule qui fait débat parmi eux, les Verts s'y montrant sceptiques tandis que le PS a proposé un compromis en avançant l'idée d'une participation pour les plus de 18 ans.

Dans un fil publié sur son compte Twitter, le président des Verts, Balthasar Glättli, a jugé que la situation préoccupante de l'hôpital nécessitait de donner un coup de d'accélérateur à la campagne de vaccination et qu'«on ne peut suivre l'évolution de l'épidémie qu'avec beaucoup de tests».

L'UDC, les restaurateurs et l'hôtellerie vent debout contre l'extension du pass sanitaire

Lorenzo Malaguerra, directeur du Théâtre du Crochetan, à Monthey, a également accueilli favorablement l'idée d'une extension du pass sanitaire. «Si l’obligation du certificat pourrait coûter aux théâtres un peu de public, le nôtre est en grande partie assez âgé et vacciné : une salle où tout le monde serait testé ou vacciné les rassure», a-t-il déclaré selon Le Temps.

L'Union démocratique du centre (UDC) s'y montre cependant réfractaire. Elle considère que le pass sanitaire est une mesure inefficace et pointe du doigt une obligation vaccinale induite par le certificat, ce qui risquerait de créer une inégalité entre les citoyens.

La présidente de l’industrie hôtelière et gastronomique, GastroSuisse, a également déclaré être hostile à l'extension du pass sanitaire. Dans une conférence de presse tenue le 25 août, son président Casimir Platzer a déclaré : «GastroSuisse s’opposera à une extension du certificat.» D'après lui, «beaucoup de questions restent en suspens. La Confédération a-t-elle mené une enquête sur les effets de cette mesure dans les pays européens ? Qu’est-ce qui déterminera la levée de cette mesure, le taux d’occupation des hôpitaux ou le taux de vaccination ?» Et de citer les chiffres français indiquant une baisse de 40% de fréquentation dans le milieu de la restauration depuis la mise en place du pass sanitaire.

Le conseiller fédéral à la Santé a toutefois souligné que de telles mesures «ne [seraient] prises que si elles sont vraiment nécessaires».

Le Temps rapporte que les restaurateurs vont également protester contre ces nouvelles restrictions, tandis qu'un référendum d'initiative populaire convoquera les Suisses le 28 novembre au sujet de la deuxième loi covid ayant élargi les pouvoirs du Conseil fédéral.