«Nous sommes prêts à collaborer avec l’opposition patriotique, y compris la dite «Armée syrienne libre», en lui offrant notre soutien aérien, même si les américains refusent de partager avec nous leurs informations sur les emplacements des terroristes et ceux des opposants patriotiques», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview à la chaîne de télévision russe Rossiya 1.
«Je le répète, le refus des américains de coordonner avec nous leur campagne antiterroriste est une grande erreur. Nous sommes prêts à une coopération aussi large que possible», a estimé le chef de la diplomatie russe.
Le responsable a rappelé que la Russie «n'a jamais cessé de travailler» avec le président syrien Bachar el-Assad ni avec l’opposition syrienne.
«Je crois que nous sommes probablement le seul pays qui a soutenu et soutiendra les contacts avec toutes les forces politiques syriennes», a déclaré Sergueï Lavrov.
L’opposition syrienne a cependant rejeté la proposition d’aide aérienne de la Russie, a-t-on appris plus tard dans la journée via l’agence AFP. Le porte-parole de l’Armée syrienne libre, une des forces antigouvernementales présente sur le théâtre de combat en Syrie, a refusé de coopérer avec les forces aériennes russes, affirmant que les frappes de Moscou viseraient majoritairement ses troupes. De son côté, le Kremlin a plusieurs fois rejeté ces accusations, en soulignant qu’il ne combat en Syrie que les forces de terroristes.
«La position de «distanciation» adoptée par l’UE est inacceptable»
Le ministre russe a résolument attaqué la position adoptée par l’Union européenne face à la crise en Syrie, estimant notamment que Bruxelles «doit et a déjà commencé» à admettre ce qui a été aux racines de la crise migratoire et du chaos au Moyen-Orient.
«Ils n’hésitent plus à se rappeler de l’Irak et de l’échec de «démocratisation» de l’Irak, […] ils commencent à se rappeler l’exemple plus récent de la Libye qui s’est transformée en un corridor non contrôlé du trafic des migrants venant de nombreux pays d’Afrique du Nord», a noté Sergueï Lavrov, en espérant que «les leçons ont été tirées dans les esprits de la plupart des politiciens sérieux».
«C’est la vague des migrants qui a probablement eu un "effet déclencheur"» sur la conscience politique des européens, a estimé le ministre. «A l’aide d’acteurs externes, il sera finalement possible d’amener tous les syriens à la table des négociations», a-t-il espéré.
En savoir plus : La crise syrienne au cœur des débats du Conseil de sécurité présidé par la Russie
Sergueï Lavrov a toutefois souligné l’insuffisance du format actuel des négociations sur la Syrie qui regroupe la Russie, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et la Turquie.
«Nous sommes certains que le "cercle extérieur" de soutien au règlement du conflit syrien n’a pas de perspective sans l’Iran. Il est aussi crucial d’y inclure l’Egypte, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Jordanie», a déclaré le diplomate.