International

Les sanctions contre la Syrie sont un «un procédé inhumain» s'insurge la délégation RN à Damas

Le Rassemblement National (RN) a envoyé une délégation menée par l’eurodéputé Thierry Mariani en Syrie pour rencontrer Bachar el-Assad. Celui-ci a fait part des difficultés de son pays à surmonter les sanctions américaines.

Habitué des visites à Damas, le député européen Thierry Mariani a cette fois conduit une délégation du Rassemblement National le 21 août pour rencontrer le président syrien Bachar el-Assad, accompagné de Hervé Juvin, également député européen (RN) et d’Andréa Kotarac, conseiller régional (RN). Bachar el-Assad avait été reconduit à la présidence en mai 2021 après avoir récolté 95,1% des voix.

Un territoire émietté dont la Turquie tire profit ?

La rencontre s’est axée sur la situation sur le terrain, notamment les zones que le gouvernement syrien ne maîtrise pas encore comme la ville de Deraa, reprise par les insurgés malgré une libération en 2018. «La situation est d’autant plus compliquée que la ville se situe à la frontière jordanienne, avec le trafic d’armes ou de combattants» soulignait un militaire syrien, récemment interviewé par Sputnik.

Par ailleurs, 900 soldats étasuniens occupent l’Est de l’Euphrate, dans le but de soutenir les forces Kurdes mais sans mandat officiel de l'ONU. La Russie a déjà dénoncé cette présence irrégulière en Syrie, en invoquant une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

La Syrie entend malgré tout recouvrer le contrôle complet de son territoire. Depuis le mois de juillet, une offensive a d’ailleurs été lancée sur Deraa avec l’aide de milices iraniennes mais aussi de l’aviation russe. L’armée syrienne a rappelé sa 4e division blindée pour venir en renfort, ce qui témoignerait de la puissance de feu des insurgés.

Ceux-ci bénéficieraient notamment du soutien de la Turquie, qui profiterait du chaos pour enrôler des mercenaires syriens à ses frontières. «C’est un réservoir à combattants que la Turquie peut utiliser au gré des conflits», a souligné l’eurodéputé Thierry Mariani auprès de Sputnik. Au nord du pays, la livre syrienne se fait d’ailleurs progressivement remplacer par la monnaie turque.

Les sanctions économiques constituent un «procédé inhumain» selon Thierry Mariani

Les sanctions économiques qui frappent la Syrie ont également été évoquées. Bachar el-Assad a toutefois voulu rester positif, selon l’agence de presse Sana : «En dépit des impacts négatifs de cet embargo sur tous les aspects de la vie, les Syriens ont appris comment trouver de nouvelles idées et solutions via lesquelles ils peuvent surmonter les difficultés.» Ces sanctions, regroupées sous la loi César, empêchent le pays de commercer et le prive d’importations. 411 personnalités syriennes et 111 entreprises, banques et organes étatiques sont ainsi dans le viseur de Washington.

Thierry Mariani a à ce titre dénoncé «un procédé inhumain» qui bloquerait la reconstruction du pays, dépourvu d’un réseau d’eau et d’électricité opérationnel. La Syrie est par ailleurs dépendante de l’Iran en matière de carburant, malgré les sanctions étasuniennes qui frappent Téhéran. Hervé Juvin a également dénoncé ces sanctions sur Twitter : «Manque de lait maternisé, manque d’équipements hospitaliers, coupures d’électricité… Ceux qui appellent aux sanctions pour des motifs "humanitaires", sont-ils conscients de leurs responsabilités ?»

Le chef d’Etat syrien a également fait part de l’importance que revêt à ses yeux les visites de délégations parlementaires et culturelles en Syrie. Cela permettrait selon lui de mieux saisir l’évolution de la situation syrienne, loin des images médiatiques en Europe, qu’il juge éloignées de la réalité.

La délégation a également rencontré Hammouda Sabbagh, le président de l’Assemblée du peuple. Selon l’agence Sana, il également réprouvé les sanctions économiques, qu’il juge contraires au droit international et a réclamé leur levée immédiate. Il a aussi été questions des flux migratoires des réfugiés syriens, que Hammouda Sabbagh décrit comme instrumentalisés par certains pays pour faire pression sur Damas en l’accusant de ne pas respecter les droits de l’Homme. Le parlementaire a rejeté cette accusation en bloc en affirmant que la Syrie avait tenu plusieurs conférences internationales pour assurer le retour de ces réfugiés, toujours selon l'agence Sana.

Andréa Kotarac a résumé la rencontre dans les colonnes de LyonMag en affirmant avoir eu une «discussion franche et sans filtre au sujet des sanctions économiques contre la Syrie, de la situation militaire, des réfugiés, de la laïcité ou encore des rapports avec les différents pays de la région.» Il rapporte en outre que Bachar el-Assad a souligné la nécessité de séparer la religion de la politique, selon une publication sur Facebook : «Si la pensée religieuse prend le pas sur l'appartenance nationale, alors la Nation se fracture et court de graves conséquences.»

Selon Thierry Mariani, Bachar el-Assad aurait également cité la laïcité comme garante de la cohésion nationale par une comparaison avec l'Afghanistan : «En 20 ans, la société n’a pas évolué et vous n’avez pas su créer de cohésion nationale en Afghanistan : c’est la raison du succès des Taliban. En Syrie, cohabitent toutes les religions et un vrai sentiment national existe. Voilà pourquoi les terroristes ont perdu.»