L'Organisation internationale de police criminelle (Interpol) a refusé pour la troisième fois la demande d'émission d'un avis rouge contre l'ancien président équatorien Rafael Correa (2007-2017), considérant que cette demande présente des fins politiques. Les notices rouges sont des fiches nominatives qui informent les polices des 194 pays membres que la personne est recherchée par une autorité judiciaire, ce qui se traduit souvent par une arrestation aux passages des frontières.
La nouvelle demande avait été déposée le 6 mai 2021 par le juge équatorien Walter Macias. Dans sa réponse datée du 16 août, Interpol rejette la demande considérant qu'elle n'est pas relative à la coopération des services de police du monde, mais plutôt des fins à caractère politique.
Par ailleurs, l'organisation a expliqué qu'au vu des éléments dont elle disposait, la Commission [de contrôle des fichiers] a estimé que les données relatives au demandeur enregistrées dans le système d'information d'Interpol soulevaient de sérieux doutes quant à sa conformité avec l'article 2 du statut d'Interpol», rapporte le site d'information Nodal .
La justice de l'Equateur a ordonné le 23 septembre 2020 l'arrestation de Rafael Correa, qui vit en Belgique (pays de son épouse), après avoir confirmé sa condamnation à huit ans de prison pour corruption, le 8 septembre. Cette arrestation n'est possible que si l'ex-président se rend dans son pays ou si Interpol acceptait de lancer la notice rouge à son encontre.
Rafael Correa a commenté la décision d'Interpol sur son compte Twitter. «Une fois de plus, la justice équatorienne se ridiculise. Personne ne les croit. Tout le monde sait qu'il s'agit d'une persécution politique vulgaire. Tôt ou tard, ce seront eux qui devront faire face à la vraie justice. Vous êtes des scélérats !»
Interrogé sur RT France lors d'une précédente demande de la part de la justice équatorienne fin septembre 2020, l'ex-ministre des Affaires étrangères d'Equateur, Guillaume Long, expliquait que ces accusations étaient basées sur un «cahier» écrit à la main par une ancienne conseillère de Rafael Correa, dans lequel elle aurait noté en temps réel toutes les sommes visées par l'accusation. Le problème ? Il a été prouvé, selon lui, que ledit cahier a été imprimé... quatre années après la date des fait incriminés.
Depuis le lancement de la procédure, Rafael Correa et ses partisans dénoncent une mascarade judiciaire et un lawfare, à savoir l'utilisation du judiciaire à des fins politiques.