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Italie : entrée en vigueur d'un pass sanitaire étendu malgré les protestations

Le gouvernement italien a décidé que le pass sanitaire, qui entre en vigueur ce 6 août, serait aussi étendu aux enseignants et aux transports en commun. Le «green pass» sera aussi obligatoire pour accéder aux espaces de loisirs et aux universités.

Le gouvernement italien a rendu le 5 août le pass sanitaire obligatoire pour les enseignants, les usagers des transports publics (dont les vols intérieurs, les ferries et les lignes de train longue distance), et les clients des restaurants. C'est un camouflet pour Matteo Salvini qui, dans la même journée, assurait que son parti la Ligue, présent au gouvernement, ferait pression lors du conseil des ministres pour éviter cette extension du pass sanitaire finalement actée par décret.

Un pass sanitaire calqué sur le modèle français

Le green pass, tel qu'il est nommé en Italie, entrera donc en vigueur ce 6 août. Il conditionnera l'accès aux salles de cinéma, les musées et les salles de sport, ou encore la possibilité de se restaurer à l'intérieur d'un établissement. Les terrasses sont pour le moment exclues du dispositif.

Le pass sanitaire atteste que son détenteur a reçu au moins une dose de vaccin, s'est rétabli après avoir contracté le Covid-19 au cours des six derniers mois, ou a été testé négatif au cours des dernières 48 heures. La quarantaine pour les personnes vaccinées mais positives au Covid-19 ou cas contacts sera réduite à sept jours au lieu des 10 jours en vigueur. Le sort de la République de Saint-Marin est  quant à lui suspendu jusqu'au 15 octobre, en partie car elle a eu recours au vaccin russe Spoutnik V, qui n'est pas reconnu par les autorités européennes.

Le personnel des établissements scolaires et des universités ainsi que les étudiants devront être eux aussi munis du pass sanitaire. Les enseignants n'en disposant pas pendant cinq jours d'affilée seront suspendus et leurs salaires gelés, peut-on lire dans les médias italiens. Le ministre de l'Education Patrizio Bianchi a précisé lors d'une conférence de presse que plus de 86% du personnel des établissements scolaires avait été vacciné et que ce chiffre devrait approcher les 90%.

Le ministre de la Santé Roberto Speranza a appelé les familles à faire vacciner les enfants âgés de plus de 12 ans, et affirmé que les adolescents auraient accès à des tests de détection rapide à prix réduit. Il a souligné que le pass sanitaire, qui a suscité des mouvements de protestation dans certains quartiers, était crucial selon lui pour juguler la hausse du nombre des contaminations et appelé les Italiens à se faire vacciner. «Les chiffres sont encourageants, avec 70 millions de doses administrées», a souligné le ministre. Le recours au pass sanitaire «évitera les fermetures et protégera la liberté», a-t-il argumenté.

Une défaite politique pour la Ligue

Cette décision n'a pas manqué de faire réagir le député et économiste Claudio Borghi, autre figure de la Ligue qui s'illustre depuis plusieurs semaines dans sa lutte contre le pass sanitaire, lutte qui a rassemblé des milliers d'Italiens lors des grandes manifestations du 29 juillet. Celui-ci a ainsi dénoncé le décret pris en conseil des ministres et s'est excusé pour avoir échoué à faire changer le gouvernement d'avis. «Chers amis, le décret, s'il est confirmé, est intolérable», a-t-il tweeté en qualifiant les dispositions d'«obscénités». «J'ai fait de mon mieux mais j'ai perdu. Je m'excuse auprès de vous tous», a-t-il poursuivi. Une fois le décret publié, le député a regretté de voir ses doutes confirmés «et même pire» en réitérant ses excuses.

Des manifestations ont cependant eu lieu dès l'annonce du décret par le gouvernement. Des scènes où des Italiens ont brûlé leur pass sanitaire en guise de protestation ont notamment fleuris sur les réseaux sociaux.

A Turin également, des manifestants se sont rassemblés pour protester contre l'extension du green pass.

L'Italie a été le premier pays européen à obliger les médecins et le personnel soignant des secteurs public et privé à se faire vacciner. Les non vaccinés se voient interdire de travailler au contact des patients. Un groupe de 300 soignants italiens sont allés en justice pour tenter d'obtenir une annulation de cette interdiction.