Philippe F. et Paul R., deux anciens officiers français accusés d'avoir planifier l'«élimination et neutralisation» de plusieurs personnalités malgache dont le chef de l'Etat Andry Rajoelina, étaient toujours en garde à vue le 26 juillet, ainsi que leurs épouses, selon une source diplomatique à l'AFP.
Ils ont pu bénéficier d’une visite consulaire le 27 juillet à la demande de leurs familles respectives. La gravité des faits qui leur sont reprochés est cependant susceptible d’allonger significativement la durée de leur garde à vue, pour une durée de 15 jours renouvelables selon cette même source.
Arrêtés le 20 juillet avec quatre autres personnes, ils sont poursuivis pour «atteinte à la sûreté de l'Etat». Les autorités du pays avaient alors annoncé que des armes et de l'argent avaient été saisis lors des interpellations, ainsi que des documents qui «prouvent leur implication».
Un rôle de boucs émissaires pour faire oublier la situation économique et sanitaire du pays ?
L’avocat d’un des anciens officiers et colonel à la retraite, Philippe F., a déclaré auprès de l’AFP que son client était «au-dessus de tout soupçon» et servirait de bouc émissaire au gouvernement malgache. Selon lui, l’implication d’un citoyen français dans une tentative d’assassinat du président malgache détournerait les gens de la situation économique et sanitaire de l’île. «Mon client n'a jamais eu aucune velléité politique à Madagascar», a-t-il souligné.
Philippe F. s’était installé à Madagascar en 2020 et aurait eu l'intention de revenir en France, «un déménagement prévu de longue date, comme l'attestent différents documents, bien avant son arrestation dans la zone internationale de l’aéroport [d’Antananarivo]», toujours selon son avocat. Ce dernier a également mentionné que la saisie d’un container ainsi que d’une caméra et d’un téléphone portable appartenant à son client n’aurait néanmoins pas permis de révéler «aucun élément» compromettant.
Aucun de ces éléments n’a toutefois été confirmé par la justice malgache en raison de la poursuite de l'enquête.
Le 10 mai dernier, un ressortissant français avait été «placé sous mandat de dépôt, en détention provisoire» à la suite d'accusations d’ «espionnage», de «complot» et d’«atteinte à la sécurité de l’Etat», cette fois en Centrafrique. Il était en possession d’un important stock d’armes lors de son arrestation. Le procureur général près la Cour d’appel de Bangui avait déclaré que l’individu encourrait «les travaux forcés à perpétuité».