Après l'affaire du logiciel espion israélien Pegasus, qui aurait servi à espionner «des journalistes, des avocats, des militants et des responsables politiques de nombreux pays, dont la France», Ursula von der Leyen et Gabriel Attal ont réagi le 19 juillet.
La présidente de la Commission européenne a estimé que des vérifications étaient nécessaires mais qu'en cas de véracité, cette affaire «est complètement inacceptable». «La liberté de la presse est une valeur centrale de l'Union européenne», a-t-elle ajouté en marge de son déplacement à Prague où elle présentait un plan de 7 milliards d'euros pour aider la République Tchèque à affronter la crise sanitaire.
Du côté de la France, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a qualifié le même jour au micro de France Info les révélations de «faits extrêmement choquants», ajoutant que «s'ils sont avérés, sont extrêmement graves». A l'instar de la présidente de la Commission européenne, il a également défendu la liberté de presse : «Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d'enquêter, d’informer.»
Toujours selon Gabriel Attal, la France compte lancer des investigations : «Il va y avoir évidemment des enquêtes, des éclaircissements qui vont être demandés», a-t-il ainsi poursuivi sans en préciser toutefois les modalités, se contentant de déclarer que le gouvernement français «ne regardait pas ce sujet à la légère». Il s'est toutefois satisfait de la reconnaissance de la non-participation de la France à cette vaste entreprise d'espionnage tout en se félicitant de l'éthique des services français : «Nos techniques de renseignement en France sont évidemment autorisées par la loi, elles sont respectueuses des libertés individuelles et notamment de la liberté de la presse».
50 000 numéros possiblement touchés
Le logiciel espion Pegasus aurait espionné «des journalistes, des avocats, des militants et des responsables politiques de nombreux pays, dont la France» selon les révélation d'un consortium de 17 médias et que le journal Le Monde a relayé le 18 juillet. Une fois introduit dans un smartphone, le logiciel permet d'en récupérer les messages, photos, contacts et même d'écouter les appels de son propriétaire.
Les personnes ou entités ciblées auraient été choisies «individuellement, par des gouvernements et des services de renseignement». Ce logiciel a été créé par une société israélienne, NSO group, et plusieurs Etats en seraient clients. Le Monde épingle notamment le Maroc, la Hongrie, l'Azerbaïdjan, le Togo, le Rwanda, Bahreïn, le Mexique, ou encore l'Inde. Par ailleurs, ce serait bel et bien le ministère israélien de la Défense qui validerait la liste des clients de NSO. Or, Israël serait informé que «la plupart des clients achètent Pegasus spécifiquement pour se livrer à une surveillance de leurs oppositions politiques et de leur population [entre autres]».
Il y aurait ainsi quelques 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle. Ce qui concernerait, selon les révélations, 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits de l'Homme ou encore 65 chefs d’entreprise. Le Monde précise par exemple que le polémiste Eric Zemmour et le journaliste Edwy Plenel auraient tous deux fait l'objet de tentatives d'espionnage via ce logiciel, réussie dans le cas du second. Mediapart a par ailleurs annoncé le 19 juillet déposer plainte contre le Maroc qui, selon le site d'investigation, aurait espionné Edwy Plenel ainsi que la journaliste Lenaïg Bredoux.
Rabat a dénoncé ces accusations comme «mensongères», alors que le groupe NSO «nie fermement les fausses accusations portées». Le ministre des Affaires étrangères de Hongrie Peter Szijjarto a lui aussi balayé les accusations portées contre son pays.