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L'Afghanistan demande à l'UE de ne plus expulser de migrants afghans pendant trois mois

Face à l'avancée des talibans, qui affirment contrôler 85% du territoire, le gouvernement afghan a annoncé ne plus accepter les «retours forcés» de migrants de pays de l'UE ou de pays européens ayant des accords de coopération avec Kaboul.

L'Afghanistan a appelé le 10 juillet les pays européens à cesser durant les trois prochains mois d'expulser des migrants afghans, en raison de l'intensification des combats dans le pays sur fond d'offensive des talibans, qui affirment contrôler la majorité du territoire.

Le gouvernement afghan a en outre décidé de ne plus accepter les «retours forcés» de migrants de pays de l'Union européenne ou de pays européens hors UE avec lesquels Kaboul a conclu des accords de coopération en matière de migration. Les Afghans constituaient en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat.

«L'escalade de la violence de la part du groupe terroriste taliban dans le pays et la propagation de la troisième vague de coronavirus ont créé un important désordre économique et social, suscitant inquiétudes et défis pour le peuple» afghan, a déclaré dans un communiqué le ministère des Réfugiés et du Rapatriement.

Il a donc «officiellement annoncé la décision du gouvernement de mettre fin aux retours forcés de migrants d'Europe, en provenance de pays membres de l'UE ou de pays européens ayant un accord avec l'Afghanistan sur la gestion conjointe du phénomène migratoire». «Les pays hôtes doivent s'abstenir d'expulser de force les réfugiés afghans à compter du 9 juillet pour les trois prochains mois», poursuit l'exécutif.

De nombreux territoires repris par les talibans

En juin, le Premier ministre italien Mario Draghi avait déclaré craindre un afflux de migrants afghans après le retrait définitif des forces étrangères d'Afghanistan, censé être terminé d'ici le 31 août et appelé l'UE «à contenir les flux d'immigration illégale».

Mais les talibans ont lancé une offensive tous azimuts contre les forces afghanes qui n'ont offert jusqu'ici qu'une faible résistance, permettant aux insurgés de s'emparer de larges portions de territoire afghan : les forces afghanes ne contrôlent désormais plus que les grands axes et les capitales provinciales, dont certaines sont encerclées.

Les talibans, dont une délégation se trouvait le 9 juillet à Moscou, ont annoncé contrôler plus de 85% du territoire afghan et ont assuré les autorités russes qu'ils ne laisseraient pas le groupe Etat islamique s'implanter en Afghanistan.