Le gouvernement hongrois a déploré ce 10 juillet les sanctions annoncées la veille par l'UEFA, celle-ci dénonçant un «comportement discriminatoire de ses supporters» lors de l'Euro de football. Le pays fustige «une instance pathétique et lâche».
«Il semblerait que l'UEFA emploie des informateurs» sur le modèle de ceux qui sévissaient «sous le communisme», qui «n'ont rien d'autre à faire que d'écrire des rapports sur ce qui a été dit ou pas dans le public», a écrit le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto sur sa page Facebook. «Aucune preuve n'est nécessaire, il suffit de dénoncer», a-t-il ajouté. «Le comité qui a pris une telle décision est pathétique et lâche. Honte à lui !», a également lancé le responsable hongrois.
La veille, l'instance de contrôle, d'éthique et de discipline de l'UEFA a ordonné à la Fédération hongroise de jouer à huis clos ses trois prochains matches de compétition UEFA à domicile (dont un en sursis) et lui a infligé une amende de 100 000 euros.
Des cris racistes à l'encontre de joueurs noirs de l'équipe de France avaient notamment été lancés depuis la tribune où se trouvaient les ultras hongrois à Budapest, le 19 juin.
Une loi hongroise au centre de tensions avec l'UE
L'organisation basée en Suisse a également enquêté sur des banderoles ou pancartes homophobes brandies par des supporters durant les autres rencontres du premier tour contre le Portugal et l'Allemagne.
En juin, l'UEFA avait essuyé une rafale de critiques pour avoir refusé à la ville de Munich d'éclairer son stade aux couleurs de l'arc-en-ciel pour le match Allemagne-Hongrie, en signe de protestation contre une loi hongroise jugée discriminatoire envers la communauté LGBT par une partie de l'Europe, dont la France. Cette loi adoptée le 15 juin, à l'initiative du parti du Premier ministre Viktor Orban, prévoit que «la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans». La loi «protège les droits des enfants, garantit les droits des parents et ne s'applique pas à l'orientation sexuelle des plus de 18 ans : elle ne contient donc pas d'éléments discriminatoires», argue Budapest.
Pour justifier le refus d'illuminer le stade aux couleurs de l'arc-en-ciel, l'instance européenne du football avait invoqué une obligation de neutralité politique tout en assurant de son «engagement ferme» contre l'homophobie. Peter Szijjarto avait alors salué une mesure de «bon sens». Cité par l'agence de presse MTI, le diplomate hongrois avait déclaré qu'il était «extrêmement nuisible et dangereux de mélanger sports et politique». «L'expérience historique montre que c'est une mauvaise chose et plus que quiconque, les Allemands le savent bien», avait-il ajouté, faisant référence à l'Allemagne nazie qui avait pour habitude d'instrumentaliser les rencontres sportives à des fins politiques.